Les Halles de Schaerbeek accueillent Midnight Sun une irrésistible fusion de cirque, de théâtre et de danse de la Compagnie Oktobre qui nous plonge dans l’ambiance tantôt burlesque, tantôt étrange d’un salon bourgeois peuplé d’insaisissables personnages.
Fusion intime
Extravagant, magique, dramatique et burlesque, le deuxième spectacle de la compagnie Oktobre du duo Franco-Argentin Florent Bergal et Eva Ordonez nous invite en voyeurs dans un étrange salon bourgeois aux lourdes tentures et aux fauteuils profonds. Visuel, théâtral et cinématographique, c’est un spectacle d’ambiance, de personnages et d’exploits physique, une fusion intime du cirque, du théâtre et de la danse, avec une pointe de magie.
Marionnette sans fils
Accompagné d’un impassible pianiste, les acrobates en impolitesse avec l’équilibre et la stabilité proposent des numéros qui n’en ont pas l’air, comme si le cirque entrait par effraction, surgissait des corps comme une seconde nature. On a Hugo Georgelin, intenable pile électrique, marionnette sans fils, Camille Chatelain et son vélo acrobatique, un duo de portée suédois et une antipodiste russe. Et puis, il y a Eva Ordonez avec un charisme qui passe du burlesque au glamour. Sans jamais cabotiner, elle chante, balance au trapèze sans jamais quitter ses hauts talons.
C’est comme dans la vie
Danser c’est théâtral. Faire du cirque, c’est de la danse. raconte Florent Bergal. Entre ces disciplines, il y a vraiment des liens qui existent et qu’on s’applique à tisser pour créer notre langage oktobresque. Une phrase va déclencher un corps. Du coup, le corps va peut-être déclencher une virtuosité. La virtuosité peut découler sur une incapacité. Tout est lié. On ne sait pas détacher les choses. C’est comme dans la vie. Pour nous, le Cirque c’est le prolongement d’un sentiment ou l’aboutissement d’une émotion. On est ancré dans le réel et on commence à s’approcher de l’irréel. On préfère que le spectateur se demande ce qui s’est passé, plutôt que de se reposer sur la virtuosité gratuite. Du coup, le cirque fait partie du quotidien.
Le monstre qui sommeille
Midnight Sun, c’est une réalité parallèle. Mais on n’est pas dans un monde de lutins. La magie naît du réel. On a envie de croire qu’on pourrait croiser ces personnages dans la rue ou dans une soirée où l’on débarque à l’improviste. Tous ces personnages sont là, dans un salon. Ils nous séduisent, nous effraient peut être aussi et puis tout à coup, ça dérape dans le burlesque, l’extravagance. On n’est jamais démonstratif, mais on laisse entrevoir le monstre qui sommeille. On a un goût pour le corrosif et la noirceur, mais toujours comique. glisse Eva Ordonez
Une fresque en trois couleurs
Le spectacle a aussi une grande force visuelle et esthétique. Comme dans une fresque en trois couleurs, on passe du blanc, au rouge et au noir. Costumes, tentures et accessoires colorent les ambiances et les émotions. La lumière agit comme une camera pour dessiner des cadres. La musique ouvre l’écran de l’imaginaire avec ses réminiscences cinématographiques entre tension psychologique, échappées burlesques et étreintes romantiques, le salon n’est jamais celui qu’on croit.
Midnight Sun, Cie Oktobre, 13 et 14 mars 2020
Les Halles de Schaerbeek
22b rue Royale Ste Marie, 1030 Schaerbeek
02 218 21 07
www.halles.be