Lancée en 2000, la Biennale de la jeune création européenne de Montrouge présente le travail de jeunes artistes européens émergents à l’occasion d’expositions itinérantes dans les différentes villes partenaires du réseau. C’est au tour de Bruxelles d’accueillir les trois lauréats de l’édition 2015 de la Biennale, Klävs Loris, Magdalena Sawicka et Willem Boel, un jeune artiste gantois prometteur.
Rebuts
Les installations sculptures de Willem Boel ne séduisent pas immédiatement. Mais tout de suite quelque chose intrigue. A quoi peuvent bien servir ces machines, ces « nieuwe molens » qui semblent tourner à vide ? À rien et c’est tout ce qui en fait leur beauté. Ces étranges objets dont on aurait oublié la fonction, semblent avoir traîné trop longtemps dans un entrepôt désaffecté pour cause d’activité jugée obsolète. Rebuts d’une civilisation industrielle amnésique, ils n’ont plus à nous montrer que leurs matériaux éreintés par l’usage.
Assembler
Quand il commence à travailler sur une pièce, l’artiste ne sait généralement pas où il va. Il choisit des éléments parmi tous objets et matériaux qui s’entassent dans son vaste atelier et dessinent son univers. Il assemble deux pièces, en ajoute une autre. Tant que ça fait sens, il continue. Il lui arrive de défaire ce qu’il a fait ou de les mettre de côté. En fait, tant qu’une pièce n’est pas vendue, je peux revenir dessus.
Travail manuel
Pour assembler ses pièces, il peut souder, nouer, perforer ou coudre. Des gestes qu’il n’a pas appris au cours de sa formation artistique mais dans son travail d’atelier. Je suis passionné par le travail manuel. C’est ma main qui guide mon projet. Le plaisir du travail est un sentiment inconnu par beaucoup de gens. Quand je vais me coucher, je me sens récompensé par ce que j’ai réalisé dans la journée. Et quand la pièce est terminée, c’est un merveilleux cadeau que je me fais.
Pare-feu
Willem Boel expose également de plus petites pièces. Il a une série intitulée « pare-feu ». Des cordelettes tressées, des treillis métalliques imprégnées de peinture forment des objets à la fonction indéfinie, bijoux profanes sans ostentation, accessoires d’un rituel industriel oublié. Dans cette série, je crée mes objets et puis je jette dessus de la peinture que je regarde s’écouler goutte par goutte en métamorphosant l’objet. C’est comme un spectacle que je mets en scène pour moi seul. Le titre de la pièce vient d’un objet que j’avais vu en vitrine chez un antiquaire. Je le trouvai très beau sans comprendre à quoi il servait. On m’a expliqué qu’il protégeait les belles dames du feu pour éviter que leur maquillage, contenant de la cire, commence à fondre, si elles approchaient des flammes.
Intime
La jeune polonaise Magdalena Sawicka expose pour sa part de beaux dessins délicats posés sur des petites feuilles de papier quadrillé. Dans un trait d’une précision clinique, ils explorent l’étrangeté du quotidien, le trouble de l’intime et de la sexualité.
Infos
Sagas, Hangar H18, 18 Place du Châtelain, 1050 Bruxelles, www.h18.be
ouvert du mardi au samedi, de 12h00 à 18h00, jusqu’au 28 mai 2016