Non, nos aïeux n’étaient pas les coincés de la braguette et chastes que l’on s’imagine souvent. Même condamnés par l’Eglise et la morale publique, les rapprochements torrides d’avant mariage étaient jadis monnaie courante ! Envie de soulever un coin du drap ?
Nos aïeux n’attendaient pas toujours la nuit de noces pour faire plus ample connaissance avec le sexe opposé. Tant pis pour les convenances, les mises en garde parentales et les sermons de l’abbé. L’appel des sens et des hormones était parfois le plus fort ! Dans certaines contrées, les frotti-frotta prénuptiaux étaient même tolérés, voire quasi institutionnalisés. La nuit venue, il était ainsi loisible à un garçon de rejoindre une jeune fille dans sa chambre et de se coucher à ses côtés : en principe pour bavarder. La coutume voulait parfois qu’il y accède, non pas par la porte après avoir demandé l’autorisation des parents, mais bien par la fenêtre que la belle avait d’ailleurs souvent pris soin de laisser ouverte ! Il suffisait que le galant reste habillé et ne se glisse pas sous la couverture pour que l’honneur (et la virginité) de la demoiselle soit sauf. Il devait aussi avoir déguerpi avant l’aube.
Onanisme à deux !
Connue sous le nom générique de kiltgang, cette coutume était pratiquée sous différentes formes dans une bonne partie de l’Europe germanique, notamment en Suisse, en Scandinavie, en Angleterre et aux Pays-Bas, où on la nommait nachtvrijen. On en aurait aussi découvert des traces dans le nord et l’est de la France. Bien que sous le contrôle des adultes de la maisonnée et de la jeunesse locale, le kiltgang n’était pas toujours des plus sages, on s’en doute un peu. Le grand ethnologue et folkloriste français Arnold van Gennep le rangeait d’ailleurs dans la catégorie des « fréquentations érotiques d’onanisme à deux » !
Enfants du démon
Cette coutume avait-elle cours dans ce qui sera plus tard la Belgique ? Il semble qu’elle ait été pratiquée en Flandre-Orientale et Occidentale notamment, ainsi qu’en Campine ou à Anvers. Certaines anciennes chansons flamandes y font d’ailleurs allusion. Au tout début du XVIIIe siècle, Petrus Massemin, curé de la petite cité de Dudzele (arrondissement de Bruges) sermonne, en tout cas, à de multiples reprises ses ouailles à ce sujet. Et plutôt sévèrement. Il compare même les garçons qui se livrent à de telles visites nocturnes et aux filles qui les laissent pénétrer chez elles, à des enfants du démon promis à brûler dans les flammes de l’enfer ! Pas dupe, l’homme de Dieu s’en prend aussi violemment aux parents qui laissent faire ou font semblant de ne rien voir. C’est que, dans ce village un peu reculé, bien des adultes ne semblent pas voir d’inconvénient à ce que leur fille passe une partie de la nuit en galante compagnie. N’a-t-elle pas suffisamment de jugeote pour ne pas se laisser déshonorer ? Les prêches enflammés de Massemin n’auront d’ailleurs guère d’effets sur eux. Arrivé en 1697, il repartira de Dudzele en 1712 sans avoir vraiment pu remettre ses brebis égarées sur le droit chemin de la morale chrétienne. A Dudzele ou ailleurs, il est probable que les fenêtres soient longtemps restées le plus court chemin vers les félicités pré-nuptiales !
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