L’exposition de Peter Kogler marque les 30 ans de l’ING Art Center, un lieu emblématique du Mont-des-arts, carrefour des arts à Bruxelles.
Avec Patricia De Peuter, Senior Art Adviser, qui façonne la politique artistique de la banque depuis 30 ans, remontons le temps. Before…next !
L’exposition de Peter Kogler symbolise parfaitement le changement. Rien ne se perd, rien ne se crée et tout change en même temps. On est dans la fluidité permanente. Patricia De Peuter, Senior Art Adviser chez ING, est particulièrement contente de next et de la transformation apportée par l’artiste autrichien à l’espace d’exposition de la place Royale. L’aboutissement de deux années d’intense préparation entre l’artiste repéré par le regretté Jan Hoet et le département artistique de la banque. Avec Peter tout était fluide. C’était d’une aisance remarquable. Dès qu’un problème se posait, une solution apparaissait. Et une fois que tout a été mis en place et les lieux devenus presque méconnaissables, j’ai senti un mélange de soulagement et d’optimisme. C’est comme si on pouvait repartir à zéro et passer à la suite. Next !
Lieu stratégique
L’expo de Peter Kogler marque aussi les 30 ans de l’ING art center. En 30 ans le Mont des Arts a bien changé et n’a jamais aussi bien porté son nom. Pas moins de 16 lieux culturels se déploient dans un mouchoir de poche. C’est devenu un lieu stratégique de la vie culturelle et artistique à Bruxelles où nous avons une place à prendre. Depuis quelques années, des synergies se nouent entre Bozar, les musées royaux d’art et d’histoire et nous. Et cela va encore se développer. A l’automne, une série d’expositions s’intéressera à l’Avant Garde de l’après-guerre, avec pour l’ING art center un retour sur les courants multiples l’abstraction. L’abstraction est apparue après guerre en réaction aux atrocités et aux mensonges du réel. Aujourd’hui, nous vivons une époque saturée d’informations et de narrations. L’art est une expression de la société. Il y a des moments où il faut oser prendre du recul. Il est important de donner des signaux même si ça implique d’aller à contre-courant.
Message sociétal
Licenciée en histoire de l’art, Patricia De Peuter est entrée à la banque, qui était encore la BBL, en 1986, la même année où l’hôtel Coudenberg ouvrait ses portes pour une première exposition. Dans les premières années, le public était très bruxellois, mais progressivement, notamment grâce à l’aura d’Europalia, il s’est élargi et internationalisé. Aujourd’hui, cette prosélyte d’un art contemporain accessible à tous veut programmer des expositions qui ont du sens et qui captent un message sociétal. Quand je commence un nouveau projet, je me demande toujours ce que je veux raconter et comment je vais le faire. Sa ligne de conduite, c’est alterner des « blockbusters » comme Fabergé ou le Pop Art et d’autres consacrées à des artistes importants mais moins reconnus comme Alfredo Jaar en 2012. Je veux de temps en temps, comme on l’a fait avec Peter Kogler, offrir l’espace à un artiste pour qu’il l’investisse et qu’il amène une vision dont on a besoin à ce moment là.
Splendide collection
En 2015, l’exposition consacrée à Helmut Stallaerts, lauréat du prix de la jeune peinture, intégrait de nombreuses œuvres maîtresses de la collection ING. Une façon de plus de faire vivre la splendide collection entamée par le Baron Lambert et poursuivie par la banque depuis 1991. Quand on a recommencé la collection, on a décidé de nous concentrer sur les courants plus récents en choisissant des artistes représentatifs de leur époque. Intégrée à la vie de la banque, la collection est accrochée dans les espaces de travail, les salles d’accueil et de réunion, et accessible pour les visiteurs extérieurs sur rendez-vous. Les œuvres ne se cachent pas, elles disent ce qu’elles ont à dire. Comme on achète moins, on a aussi demandé à un artiste, Pierre Bismuth, de nous aider dans l’accrochage. Et on a tenu compte des avis du personnel. On voit bien que les gens se lient à une œuvre particulière. On a beau avoir les réseaux sociaux, les contacts humains sont supérieurs. Et l’art se montre un irremplaçable support et objet de dialogue.