PHOTO
SYNTHESES
SANDRINE LOPEZ

Cilou de Bruyn -

 

 

Les images de Sandrine Lopez confrontent.
Prétextes à expérimenter son questionnement, elles nous aspirent dans sa réalité, floue et lucide à la fois.
C’est sa trajectoire qui compte et que poursuit la photographe, jusqu’à l’obsession.

 

© Sandrine Lopez
Le savoir via les sciences est indispensable mais ne suffit pas. Il y a une forme de connaissance qui ne passe pas par les chiffres mais qui doit s’approcher via des « régions » que l’on ne peut circonscrire de manière précise et définitive, et au sein desquelles il n’y aura jamais de réponse absolue. Ces « régions » sont une sorte de terrain de jeu pour l’artiste. Le terrain d’expérience de quelque chose d’indescriptible qu’on ne peut approcher qu’en l’évoquant à travers une forme. L’ artiste doit sans cesse travailler à cette mise en forme. 

 

 

© Sandrine Lopez
C’est une grande question que celle du Temps. C’est une des questions les plus présentes. Peut-être qu’en « arrêtant » le temps, en figeant la réalité dans une image, on tente peut-être de le dilater. On ouvre des brèches en espérant amener une sorte de méditation.
QUI ESTSANDRINE LOPEZ

 

© Sandrine Lopez

 

Photographier me permet une foule de choses. Cela me permet de chercher au dehors, dans le réel immédiat, des images qui pourraient donner une certaine forme à ce qui (se) vit au dedans. D’aller se plonger dans un espace, se trouver face à certains corps, faire des expériences qui peuvent, d’une manière ou une autre, exercer une forme de fascination. 

 

 

© Sandrine Lopez

 

Mon rapport à la réalité, je crois qu’il change en permanence, je le voudrais toujours très intense mais dans ce cas il faut se préparer à en payer le prix ! La « réalité » est souvent pour moi d’une violence sans nom. C’est certainement pour cette raison que je photographie. Peut-être pour pouvoir vivre la réalité (la supporter) sans qu’elle vous explose à la figure. Pour l’intégrer, avec sa grande beauté comme avec ce qu’elle a de plus horrible. 

 

 

© Sandrine Lopez

 

Lorsqu’on photographie, il y a un moment au cours duquel le corps est le seul guide, la seule boussole. La réflexion sur ce que le corps veut, sent, subit, refuse, souffre, ou désire peut et doit se faire avant, après, mais jamais pendant. C’est un peu comme dans le mythe d’Orphée : ne pas chercher à voir ce que l’on est venu quérir… Si l’on se retourne, c’est fini. Plus d’Eurydice. Retour aux enfers (merci Christophe Van Rossom). 
QUESTIONSRÉPONSES
© Sandrine Lopez

 

J’ai bien-sûr beaucoup appris depuis que je photographie. Peut-être que la plus grande leçon, au stade où j’en suis pour le moment, c’est qu’il vaut mieux poser des questions sans relâche que chercher des réponses à tout prix. On va plus loin, on donne plus, on ouvre d’avantage de perspectives en étant moins affirmatif et plus curieux. 

 

 

© Sandrine Lopez

 

Il y a cette magnifique pensée de Baudelaire qui dit que l’horrible est toujours beau, c’est aussi une image très forte. Ce sentiment, à mon avis, on le ressent très tôt mais on n’est pas toujours à même de le comprendre ou de le formuler.

 

À VOIR

 

© Sandrine Lopez

 

La création peut et doit changer le créateur lui-même. Si, de surcroît, il a un quelconque impact sur l’Autre, alors évidemment… Je pense que je serai très frustrée de ne pas pouvoir partager mon travail, il perdrait peut-être la plus grande partie de son sens.