Du Mississippi et de la Louisiane qu’elle a arpentés par les chemins de traverse, Marina Cox a ramené des photos imprégnées de musique, d’histoires et de fantômes. Réunies dans un ouvrage publié par ARP2 Publishing et Box Galerie, elles sont aussi exposées chez Peinture fraîche.
Chemins de traverse
C’est avec le blues dans la tête et dans les yeux que Marina Cox a fait, à vingt années de distance, deux voyages dans le Sud profond des Etats-Unis. Un pays où le temps semble s’écouler plus lentement, comme retenu par la moiteur lourde et les odeurs capiteuses de magnolia suspendues dans l’air. Yazoo City, Clarksdale, Tutwiler, Dundee, Lafayette, la photographe s’est laissée aller sur les chemins de traverses à travers le Mississippi et la Louisiane, au travers de paysages organiquement, et presque charnellement, liés à la musique, le blues, à écouter ici pour l’un, le cajun et la zydeco pour l’autre.
Secrets inavoués
Un orage qui gronde devant les portées des fils télégraphiques, des intérieurs de café au murs barbouillés de mots, des rails de chemin de fer avalés par les herbes de l’oubli, des granges, des magasins et des banques aux volets baissés sur tant de secrets inavoués, des bannières étoilées et des croix plantés sur les murs ou les bas côtés de la route pour afficher au ciel à qui on appartient. Rien d’ostentatoire dans ces images de rues anonymes écrasées par la chaleur, de bords de route envahis d’une végétation exubérante qui tente vainement d’éponger la pluie qui déborde des nuages.
Qu’est-ce qu’on attend ?
Ces images parlent peu mais disent beaucoup, car elles renvoient à des histoires inachevées ou pas encore commencées, à ce Sud imaginaire que chacun se fabrique avec les mots de William Faulkner, Flannery O’Connor ou Tennessee Williams et avec le cinéma ou la musique bien sûr.
Le format carré est un cadre de mise à distance, un cadre qui va bien avec l’attente. Les quelques personnes que l’on croise semblent attendre on ne sait quoi Et qu’est-ce qu’on attend ? Sinon le terminus de la sieste, la fin du déluge, la tombée du jour ou le fantôme de Robert Johnson. Mais ils n’attendent pas la fin de l’été, car tout le monde sait ici que l’été ne finit jamais.
Présentées une première fois à la Box Galerie, les photos de Marina Cox vont désormais l’objet d’un beau livre avec une introduction de Larry King et Alain d’Hooghe.
Infos pratiques
Livre
Agonizing Summer, Marina Cox,
Co-édition ARP2 Publishing & Box Galerie, 104 pages, 38 €
Exposition
chez Peinture fraîche
jusqu’au 15 juin 201
ouvert du mardi au samedi de 10h30 à 19h00
10 rue du Tabellion,1050 Bruxelles