Noir comme neige. Un oxymore qui renvoie aux caractéristiques physiques des personnes atteintes d’albinisme. Derrière cet intitulé se cache le projet photographique de quatre étudiants belges en journalisme. Après un an et demi de labeur, le résultat fait l’objet d’une exposition au Parlement francophone bruxellois, à découvrir du 8 au 15 juin.
La différence est universelle
Noir Comme Neige, un sujet qui traite des personnes atteintes d’albinisme en Tanzanie. La problématique semble vue et revue. Qui plus est, à 10 500 bornes de notre plat pays. Pourtant, elle mérite encore d’être traitée, au vu des conditions de vie de ces personnes souffrant d’une dépigmentation de la peau, des cheveux et des yeux. Une carence en mélanine donc, qui s’accompagne de discriminations et violences dont elles sont la cible. Ces sévices, elles les endurent d’abord à cause du soleil qui les attaque au point de devoir s’en protéger constamment. Ensuite parce qu’elles sont exclues de la société, chassées voire tuées suite à certaines croyances populaires africaines qui leur attribuent des pouvoirs de l’ordre de la magie. Élaborer des potions à base de leur cheveux pour apporter la chance. Fabriquer des talismans osseux pour que la pêche soit bonne. Avoir une relation sexuelle avec une personne vivant avec l’albinisme pour être guéri du sida. Les exemples sont nombreux, détaille dans ses écrits Malaurie Chokoualé, membre de l’équipe. Le sujet soulève une question universelle: celle des discriminations perpétuées envers les minorités, explique Camille Crucifix de Noir comme Neige. Le sujet peut nous paraître lointain mais finalement on parle de la différence, de l’acceptation et de croyances profondément ancrées dans la société, et ça c’est universel.
Du journalisme de solution
Après un an et demi d’investigation, Noir comme neige présente le fruit de son travail au Parlement francophone bruxellois. Mais aussi sous la forme d’un « mook » (contraction des mots « magazine » et « book »). Une forme hybride journalistique donc, qui mêle récits d’ambiance et factuels, illustrations et photographies volontairement traités sous le prisme du journalisme de solution. On a fait ce choix parce que la dénonciation de ces violences avait déjà été faite auparavant. On voulait se concentrer sur l’après et explorer les pistes de solutions mises en place en Tanzanie pour protéger les personnes atteintes d’albinisme. On voulait aussi se déplacer de tout point de vue misérabiliste et occidental. Mais attention solution ne veut pas dire naïf, on a analysé et décortiqué comme pour tout bon travail journalistique, insiste Camille.
Un mook peut-il changer les choses?
A travers une centaine de pages, le mook Noir comme Neige creuse, fouille et questionne les informations recueillies en Tanzanie par chaque membre de l’équipe. Et ce, auprès de différents acteurs à diverses échelles – internationale, nationale et locale – et dans plusieurs secteurs comme la santé, l’éducation, la politique ou l’emploi. Un mook peut-il changer les choses? Je ne sais pas. Notre but premier était d’informer. Après oui, on l’espère mais on se rend compte que c’est compliqué. Ici en Belgique, le sujet intéresse beaucoup de gens issus de différents milieux. Maintenant, on se demande comment on peut exporter notre sujet au public tanzanien.
L’exposition Noir comme neige
de Camille Crucifix, Fiorine Guéry, Malaurie Chokoualé et Louis Van Ginneken
Du 8 au 15 juin, du lundi au jeudi de 10h à 17h et les vendredis jusque 16 h, entrée gratuite.
Rue du Lombard, 77, 1100 Bruxelles. T.: +32 (0)2 504 96 21. Page Facebook Noir comme Neige
Photographie à la Une © Louis Van Ginneken