REBEL REBEL
L’ART DANS LE MIROIR DU ROCK

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Le MAC’s au Grand Hornu accueille Rebel Rebel, encore jusqu’au 22 janvier, une grande exposition où le rock et l’art contemporain se racontent mutuellement des histoires. Un parcours électrique et silencieux plein d’échos.

 

Now futur sculpture Harley Davidson 01 2016 ©Johan Muyle
Sans jouer la carte des rockers artistes, à l’exception de Alan Vega et de Dieter Meyer, ni respecter la chronologie, l’exposition Rebel Rebel tente de capturer un certain esprit rock qui infuse dans l’art. Les choix forcément subjectifs et fragmentaires ne prétendent pas à la moindre exhaustivité. Il faut plutôt y voir un fil rouge pour rassembler des artistes, surtout américains, fascinés par cette culture insaisissable de l’urgence.

Sans jouer la carte des rockers artistes, à l’exception de Alan Vega et de Dieter Meyer, ni respecter la chronologie, l’exposition Rebel Rebel tente de capturer un certain esprit rock qui infuse dans l’art. Les choix forcément subjectifs et fragmentaires ne prétendent pas à la moindre exhaustivité. Il faut plutôt y voir un fil rouge pour rassembler des artistes, surtout américains, fascinés par cette culture insaisissable de l’urgence.

 

 

The 10 commandments for the guitarist according to captain beefheart ©Joris Van de Moortel ©Galerie Nathalie Obadia
Des leçons de guitares absurdes attribuées à l’artiste-bluesrocker déjanté Captain Beefheart ont inspiré l’artiste anversois Joris Van de Moortel. Si vous vous mettez à penser, vous êtes foutu. précise le 5e commandement. Jouez-la plutôt comme un noyé qui tente d’atteindre le rivage. conseille le musicien. Au fond, les artistes envient les rockeurs pour l’urgence et l’énergie de leur musique qu’ils peuvent réinventer chaque soir devant le public. Une urgence que Joris Van de Moortel retrouve dans ses performances musicales où la musique rock et les arts plastiques syncopent ensemble.

 

 

 

Charlotte Beaudry, Ashes to Ashes ©Ph. Degobert
Le rock est une histoire d’objets fétiches, la guitare, la canette, la clope, le jeans, le blouson de cuir, tous ces accessoires d’une vie d’excès qui ne pourrait tolérer les vieux os. Après un concert, vidé, on imagine le musicien essorer sa tête comme il viderait un cendrier. Contempler les cendres qui ne pèsent pas bien lourd. Avec Ashes to Ashes, Charlotte Beaudry peint des mégots sur un tapis de cendres, une vanité punk à la merci du moindre coup de vent.

 

 
Rebel RebelLe livre

Zouzou ©Gilles Elie Cohen ©Collection Mac's
Le rock n’a pas d’âge car il est l’incarnation de l’éternelle jeunesse ? Comme des disciples de Dorian Gray, les musiciens vieillissent tandis que leur musique digitalisée ne subit pas l’outrage du temps. Même chose avec les modes aussi. Elles vont, elles viennent se réinventent. Ces blousons de cuir et rockabilly cats ont été photographiés par Gilles Elie Cohen dans les nuits parisiennes des années 80. L’artiste a suivi les bandes rivales des Vikings et des Panthers. Les coiffures, les attitudes, l’équilibre d’une cigarette sur une moue boudeuse, les regards plein d’assurance et de morgue étaient pareilles vingt-cinq ans plus tôt. La nuit ne finira jamais parce que la jeunesse éternelle, c’est nous.

 

 

 

Back to the mountains ©Dennis Oppenheim ©Sabam ©Philippe de Gobert
Le rock est une histoire de rituels, de transcendance, de chamanisme. Dans Rock My Religion, la vidéo de Dan Graham qui a inspiré le curateur Denis Gielen, l’artiste fait le parallèle entre les concerts de rock et la danse extatique des Shakers, une communauté protestante du 18e siècle.. Dans son installation crépusculaire Back to the Mountains, rarement montée, Dennis Oppenheim apparaît sous les traits d’un indien couché vêtu de peaux. Le titre vient d’un texte qu’il a écrit et qui a été mis en musique par Elephant’s Memory, ancien groupe de scène de John et Yoko.

 

 

 

Arters 2002-2016 ©Jacques Andre courtesy of the artist ©Maximilian Pramatarov
La mythologie du rock est évidemment aussi une histoire d’images, celles qui passent par les pochettes d’album et les photos et posters où les stars se mettent en scène. Les artistes aussi en rêvent et s’en emparent pour les recopier, les dupliquer, les faire entrer dans le monde de l’art. Les musiciens font des covers versions, des reprises, les artistes aussi. En répétant 49 fois la pochette du single Killing an Arab de The Cure paru en 1978, Patrick Guns fait écho à la guerre qui ensanglante la Syrie aujourd’hui.

 

 
Informationspratiques

King (After Alfred Wertheimer’s 1956 Picture of a Young Man Named Elvis Presley) 2015-2016,©David Claerbout
La salle qui clôt le parcours est la plus forte. On n’y entend pas un bruit. Trois grands écrans qui passent en boucle des vidéos qui déjouent la fureur du rock par la lenteur. Angelica Mesiti filme au ralenti le visage d’adolescent assistant à un concert rock qui dévient une communion lumineuse et spirituelle. Dans King, David Claerbout recrée une image mythique d’Elvis Presley en 1956. Uniquement vêtu d’un short, les pieds nus enfoncés dans la moquette, il incarne la cooltitude absolue. La caméra virtuelle de l’artiste tourne autour du corps presque nu du rocker, caresse cette peau immaculée aussi parfaite qu’une statue. Et il regarde au loin.