Chaque vendredi Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et rencontres d’auteur, d’ici ou d’ailleurs.
Vous avez aimé
Le chœur des femmes, Martin Winckler
Vous allez être bouleversé par
Il fallait que je vous le dise
Ce roman graphique est un récit choc. Celui d’une jeune femme qui prend la difficile décision de se faire avorter. Une histoire cash, sans fioritures ni faux semblants. Du parcours difficile pour trouver les informations et le soutien nécessaires, à la solitude éprouvée avant, pendant et après, la culpabilité, le difficile oubli. Puis vient la rencontre apaisante avec Martin Winckler, médecin-romancier bienveillant et fervent défenseur de la cause des femmes.
L’extrait
Il y a huit ans, je décidais de refuser. Et aujourd’hui, je raconte cette histoire. J’ai écrit ce livre pour parler de ce deuil – qui n’en porte pas le nom – qu’est l’avortement. Mais est-ce uniquement une histoire sur l’avortement ? Je ne sais plus…Plus je la relis, plus je me demande si je n’ai pas écrit ce livre non seulement pour les avortées, mais aussi pour les mères, les non-mères, celles qui auraient voulu, celles qui n’ont pas pu, celles qui font des fausses couches, celles qui essayent,…
Entre les lignes
Ce droit à l’avortement, que l’on pensait acquis au moins dans la plupart des pays occidentaux, est menacé aux Etats-Unis, en Argentine, et en recul dans certains pays européens. Inacceptable. Les chiffres sont éloquents : les avortements clandestins signent l’arrêt de mort de 130 femmes par jour dans le monde. 470 000 femmes en meurent chaque année. Et 500 millions sont hospitalisées suite à des complications. Insupportable. Aude Mermilliod avait 24 ans quand elle s’est fait avorter. C’était son choix. Elle ne l’a jamais regretté. Mais cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas souffert. Chaque femme qui passe par là, y laisse une part d’elle-même. Elle y pensera souvent : aujourd’hui, il ou elle aurait eu 12 ans,… Je le sais, je l’ai vécu, et je le vis toujours ce foutoir émotionnel. Son histoire, la mienne, et celle de millions de femmes, résonne dans cette bande dessinée nécessaire et salutaire.
Il fallait que je vous le dise. Aude Mermilliod. Ed. Casterman, 22 €.
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