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© Sandrine Lopez

SANDRINE LOPEZ

Cilou de Bruyn -

 

Sandrine Lopez en 5 questions

Quelle est pour vous la relation entre la vidéo et la photo?

L’outil doit être au service de ce que l’on veut mettre en forme. La dimension silencieuse de la photographie peut servir beaucoup de sujets qui perdraient en force si on les traitait en vidéo. Ou peut-être qu’on ne les filmerait pas tout à fait de la même manière. Après avoir longtemps photographié Dominique, je me suis rendue compte que le silence de l’image l’enfermait en quelque sorte dans une dimension un peu lourde, sombre, et qu’il fallait accéder à d’autres dimensions du personnage pour en inclure toutes les subtilités. J’ai décidé de le filmer et cela a donné lieu à un moyen métrage que je suis en train d’achever. Je ne rejette pas du tout le travail photographique qui a précédé le film, je vois plutôt les choses comme un prolongement. Les photographies ont amené progressivement au film. Le travail photographique s’est petit à petit transformé pour trouver sa forme définitive dans le film qui en est l’aboutissement.

 

Croyez-vous à l’impact de l’art sur ​​la société? Les artistes d’aujourd’hui ont-ils la possibilité de changer la société?

L’Art devrait amener plus de lucidité, de désir, plus de beauté et rendre les gens vivants, critiques et libres (tout un programme…). La « société » le veut-elle ? Il y a une multitude de questions sur lesquelles nous devrions nous pencher sérieusement. L’Art est précieux pour aborder ces questions. Les artistes ont une certaine forme de responsabilité, ils véhiculent des valeurs, un patrimoine symbolique. Ils défendent, dénoncent parfois. Mais surtout ils interrogent, et cela permet à une société de rester en mouvement.

 

Avez-vous sacrifié quelque chose dans votre vie pour être photographe?

Oui, mais pas assez.

 

Comme se traduit concrètement votre démarche au quotidien?

Je ne photographie pas tout le temps. Je fonctionne par périodes. Je lis beaucoup, je regarde des films, des séries, je prépare mes cours. Cela me permet d’approfondir, jusqu’à saturation de l’imaginaire. Je laisse infuser, je formule mes questions, cela prend beaucoup de temps. Puis, j’ai besoin d’incarner tout cela. A partir de là je dois aller photographier. J’ai souvent des sujets « sur le feu » et je pars à la rencontre des espaces qui me permettent de mettre mes questions en images. Je me mets en mode « chasse » pour trouver les personnes que je vais photographier.

Et puis je tiens des carnets de travail depuis plus de 10 ans. J’y mets absolument tout (images, écrits, documents…). Cela fait réseau. Les idées commencent à dialoguer les unes avec les autres et des liens se font, inévitablement. Le carnet c’est à la fois un outil de travail, un témoin, un objet précieux, un anti-dépresseur, un exutoire, un pense-bête, un casse-tête, une discipline. Entre autre.

 

Etes-vous obsédée par la photographie?

Non, je suis obsédée par mes questions.