Dans l’ambiance hors du temps de la chapelle de Boondael, Silvia Hatzl vous invite à découvrir ses fascinantes sculptures de tissu. Petites, géantes, pliées ou dépliées ces vêtements sont comme des secondes peaux ou des maisons en tissus qui ont gardé des traces de ceux qui les ont habitées.
Passé le premier rideau qui masque l’entrée de la chapelle Boondael, on les voit pendre. Des robes tentes, des robes fentes, des tuniques rideau, des tuniques drapeau, peu importe. Les sculptures en tissu de Silvia Hatzl habitent ce lieu comme une évidence. Elles ont quelque chose de mystique, de primitif, et hors du temps. Les briques de murs s’accordent avec les teintes sables, ocres et diaphanes des œuvres mises en place comme les accessoires d’un rituel oublié.
Secondes peaux
Des vêtements ? Peut-être. Mais la créatrice y voit aussi des secondes peaux comme maisons qui ont gardé des traces de tous ses habitants. On passe des tuniques plaquées aux murs, les bras écartés aux robes géantes, suaires translucides, suspendues au plafond ou réduites à deux panneaux entre lesquels on peut se glisser. Pliées chiffonnées, usées, ces créations textiles jouent avec les ombres et les reflets de la lumière comme elles jouent avec la mémoire des matières. Et puis, il y a ces plus petites pièces miniatures et précieuses, sauvées d’un musée d’on ne sait quel royaume enchanté. Si les vêtements qu’elle nous présente habillent quelqu’un ou quelque chose, ce serait une évocation, l’idée de ce qui a été et pourrait être.
Fragilité
Il y a de la théâtralité dans l’installation. Les plus grandes pièces, celles qui pourraient habiller un géant, sont présentées sur des portants de saule tressé, les plus menues dans des cages-vitrines qui en protègent la fragilité. Scénographe de théâtre, Silvia Hatzl a travaillé sur différentes scènes bruxelloises, et à la Monnaie pendant trois ans, elle sait faire dialoguer son travail avec l’espace.
Sensualité
Silvia Hatzl se partage entre Bruxelles et sa Bavière natale. De son enfance dans un village traversée par la rivière Inn, elle a gardé un contact fort avec la nature et la sensualité de ses matières. La soie, le coton, les boyaux, offrent leur support. La terre, la cendre, la rouille, les moisissures ou le sang pour les teinter, les habiter, l’artiste capte le dialogue et les accidents des matières.
Les deux extrémités du temps
Quand on lui demande ce que signifie Ahnen, le mot qui donne son titre à l’exposition, elle explique : C’est ressentir dans le futur quelque chose qui vient du passé. C’est quelque chose qu’on sent avec son corps, ses tripes comme un chien avec sa truffe. Je travaille avec des produits organiques qui ont eu une vie avant moi. C’est une passerelle vers le futur. J’aime bien cette idée de rassembler les deux extrémités du temps. Dans le dictionnaire de base Allemand-Français, Ahnen se traduit aussi par prévoir ou deviner. Silvia Hatzl dévoile le passé et le futur des objets et des matières, mais elle ne dit rien. C’est à nous de le lire, de le ressentir.
SILVIA HAZL
AHNEN
jusqu’au 28 Mai 2017
Chapelle de Boondael
10 Square du Vieux Tilleul, 1050 Bruxelles
Du jeudi au dimanche de 14 à 19h www.ahnen.be
Agenda
11.05 20 h
Baudouin de Jaer Concert de violon autour de l’Univers d’Adolf Wölfli
12.05 20 h
Compositions de et par Walter Hus, piano
18.05 20 h
Performance A fragile existence II
Raymond Delepierre, compositeur électro-acoustique – Silvia Hatzl
19.05 20h
Michel Thuns Conférence la solitude du projet
20.05 20 h
Pierre Quiriny, Concert de Percussion
26.05 20 h
Nao Momitani joue les Compositions pour Piano de Claude Ledoux
Nao Momitani – Gilles Gobert, piano et Musique électronique
28.05 20 h
Seijiro Murayama, Concert de caisse claire