UN CRI DANS LA NUIT

Gilles Bechet -

Trente ans après la mort obscène d’une petite Colombienne dans une coulée de boue, Jeanne Dandoy immerge son indignation dans un spectacle multimédia aux fulgurances poétiques.
©Lionel Ravira
En novembre 1985, Omayra Sanchez, une fillette de 13 ans, agonise pendant trois jours et trois nuits, et puis meurt devant les caméras du monde entier incapables de l’aider. Je l’ai vue en direct au journal télévisé quand j’étais petite fille. J’ai compris alors ce qu’était l’impuissance. Pour moi, cette chose, cet événement inaugure l’ère de la mort spectacle. J’avais 11 ans et jamais je n’oublierai ce regard. 
©Lou Hérion
Jeanne est Cassandre, une femme enceinte qui plonge vers la mort, emmenée par la déferlante de mauvaises nouvelles face auxquelles elle se sent impuissante. Tout ce qui se passe après, ce ne sont que des pulsions de vie du personnage. Je n’ai pas envie de faire un spectacle pessimiste. J’ai envie de tirer les gens vers le haut, de les respecter en ne les prenant pas pour des cons, en leur donnant de la beauté et de la compréhension et en les aimant. 
©Lou Hérion
Jeanne est seule en scène. Pour témoigner de son sentiment d’impuissance et de vertige, elle a choisi de se fondre dans les images. La sensation d’étouffement provient en partie des nouvelles technologies et de la surabondance d’images qu’elles génèrent pour se nourrir de la réalité comme d’une charogne.

 

©Lou Hérion
Cassandre évolue enveloppée d’images liées à son imaginaire, à son subconscient. La vidéo, la lumière et le son enveloppent le personnage pour le plonger dans son histoire, pour le confronter à des fantômes. Pour qu’à certains moments, le spectateur, un peu perdu, ne sache plus trop à quoi il assiste. 

 

Hasta la vista OmayraInfos pratiques

 

©Lou Hérion
Quand Cassandre plonge dans ses souvenirs, elle renoue avec l’enfance et le moment où ce sentiment d’impuissance a commencé à l’envahir. Comme dans les contes de fées, elle est gagnée par des moments d’angoisse, de cauchemar et d’incertitude, mais aussi par des moments où enfant, elle a trouvé des moyens de survivre à ça, parce que les enfants sont très forts.