Il y a des livres qui nous embarquent en voyage. Dans cette B.D. balayée par les embruns du grand large, Lupano et Panaccione nous emmènent de l’autre côté de l’Atlantique avec un entêtant goût de sardine en boîte.
Il était une fois un petit pêcheur breton englouti dans le sillage d’un monstrueux chalutier. Pleurant à chaudes larmes, sa bigoudène chérie ne s’avoue pas veuve pour autant car sous un sévère masque de matrone se révèle une vraie mère poule capable de traverser les mers pour retrouver son poussin chéri.
Deux anti-héros
Commence alors une périple croisé, tendre et drôle de ce petit bout de pêcheur qui finit par retrouver les côtes de son Finistère à force d’ingéniosité et, il faut bien le dire, grâce à un sérieux coup d’aile d’une mouette maniaque de la propreté, pendant que sa mie va le chercher au bout de l’océan, devenant au passage, à coups de crêpes et de dentelles, une improbable it girl sur un paquebot de croisière et une boute-feu révolutionnaire dans la patrie de Che Guevara. Plus subtil qu’il n’y paraît, le scénario truffe les péripéties rocambolesques de nos deux anti-héros de commentaires au second degré sur notre état du monde.
Scénario muet
Le charme et le coup de force du bouquin, c’est d’être totalement muet de la première à la dernière case. Ce qui contraint les auteurs à d’incessantes astuces narratives et expressives.
Le dessin de l’Italien Panaccione a un petit goût rétro qui oscille entre du Sempé et ces cartes postales humoristiques qui jaunissent sur les tourniquets des stations balnéaires. L’absence de texte est aussi un élément libérateur qui permet au dessin en couleurs directes de se lâcher dans de superbes planches de tempête, de nuit ou de foule. Encore une petite sardine, capitaine ?
Un océan d’amour, , Delcourt, 224 pages, 25,50 €
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