Pascale Risbourg est sortie d’une école de mode française, mais n’a jamais fait de mode. Son amour pour les couleurs, les volumes et l’innovation l’ont poussée à lancer sa propre marque de tapisseries sur mesure. Son instinct artistique et ses traits de crayons affûtés expliquent aujourd’hui pourquoi ses collections de papiers peints sont si singulières. Dans le cadre du Brussels Design September, rencontre en trois questions avec la créatrice de tapisseries sophistiquées.
Comment la toile de Jouy revisitée est-elle aujourd’hui devenue une tapisserie emblématique ?
La toile de Jouy c’est mon premier papier peint que j’ai créé il y a plus de 15 ans dans le cadre d’une exposition à la fondation Cartier à Jouy-en-Josas en France. Je me suis dit “tiens ces personnages qui sont sur des balançoires qui vont à la chasse et à la pêche, ça serait bien de leur proposer une vie nocturne presque érotique”. Et du coup j’ai griffonné sur cette thématique-là et un beau jour je suis allée plus loin sur du papier peint. Comme il était assez décalé et à la fois chic, on en a beaucoup parlé dans la presse. Avec le temps, je dirais que c’est devenu un de mes grands classiques, peut-être parce que les gens acceptent aujourd’hui plus facilement d’oser dans leur intérieur. A l’époque où je l’ai créé, j’ai fait un partenariat avec Chantale Thomas (ndlr: marque de lingerie) qui a décoré toutes ses vitrines: on avait réalisé plusieurs déclinaisons sur des assiettes, sur des coussins… et c’est comme ça que ça a décollé.
Comment créez-vous vos tapisseries ?
C’est un travail à plusieurs étapes. Tout est dessiné à la main. D’abord je dessine ce que je souhaite jusqu’à ce que je sois vraiment convaincue par le sujet. Ensuite, c’est scanné et retravaillé sur des logiciels. Donc il y a le côté original du dessin à la main, qui pour moi est important, et après avec les nouvelles technologies. Ça me permet de travailler sur les profondeurs, sur les couleurs… Aussi, je choisis surtout une qualité de papier comme c’est de l’impression numérique. Avant, mes premiers papiers peints, comme la toile de Jouy, se faisaient à l’impression en cylindre. Cette technique est de plus en plus rare car très coûteuse et elle nous obligeait à produire en grandes quantités. Là avec le numérique, ça me permet de faire plusieurs tests avant de lancer mon impression et ça me propose des supports qui sont beaucoup plus qualitatifs que ce que l’on avait avant. En plus, c’est très mat alors qu’auparavant les papiers avaient toujours un aspect brillant et satiné. D’ailleurs maintenant, il y a même des clients qui m’achètent parfois des papiers peints pour les encadrer, un peu comme des toiles, même si je ne prétends pas faire de l’art.
Ne peut-on pas considérer votre travail comme des oeuvres d’art à part entière ?
Non je tiens à faire la distinction avec des œuvres parce que mes papiers peints sont des productions industrialisées. Mais je m’efforce dans mes créations à dénoter ce qui existe déjà sur le marché parce qu’il y en a de plus en plus et la concurrence est là. Je tente de créer des tapisseries très fortes pour me démarquer. Et puis, ce n’est pas dans mon naturel de faire des choses simples et faciles, je peux parfois mettre six mois à faire un dessin.
« C’est un peu ça ma marque de fabrique, créer des collections très singulières qui sont des prises de tête mais très agréables à réaliser. »
Ça peut venir d’un objet d’une certaine couleur, d’une ambiance, d’une photo, ça peut arriver n’importe quand au final, mon inspiration. Par exemple pour les papiers peints d’artichauts ou d’ananas, je me suis inspirée de vieilles tapisseries graphiques anglaises. Tout a été dessiné par mes soins et aucun document n’a été repris, mais l’idée était de prendre un papier peint un peu démodé et ringard et le moderniser en travaillant sur les formats surdimensionnés XXL, la profondeur et la texture… tout ce que me permettent les outils informatiques. Ces tapisseries, je les ai créées il y a 5 ans même si on en voit beaucoup à l’heure actuelle. Peut-être que j’étais à l’avance sur les tendances.
Pascale Risbourg, créations sur mesure à la commande, également pour les particuliers. Environ 85€ le mètre-carré. Plus d’informations sur www.pascale-risbourg.com.
Pour le Brussels Design September, retrouvez le travail de la créatrice aux ateliers de création artistique de Zaventem, 15/19 Fabriekstraat 1930 Zaventem.