Le resto
Derrière la porte close du 173, Avenue Louise se cache une véritable aventure gustative et humaine. Inspirés par le célèbre restaurant Le Reflet à Nantes, deux couples engagés se sont associés pour créer un concept similaire en proposant une expérience culinaire de haut niveau tout en intégrant dans l’équipe une majorité de jeunes en situation de handicap. En un coup de sonnette, nous voilà plongés dans un projet d’insertion riche et gourmand, qui porte bien son nom : clin d’oeil à l’incontournable œuf parfait, il soutient qu’il est possible de proposer une belle gastronomie avec des personnes dites « différentes ».
L’accueil est chaleureux et aux petits oignons : on se sent comme enrobés d’une sphère de bienveillance, bercés par les sourires de l’équipe. Selon le chef Nicolas Titeux, dans certains restaurants gastronomiques, on est parfois coincés par la relation entre le serveur un peu guindé et les clients. Ici, les jeunes sont très naturels et spontanés, il n’y a pas de tricherie ou de faux semblant, ce qui rend les gens très à l’aise dans la relation.
La déco est chic et épurée, l’espace intelligemment structuré : on a l’impression d’être presque seuls dans un cocon de bien-être, au calme malgré les tables environnante et la cuisine ouverte. On y va pour découvrir un autre rythme de vie, tout en appréciant la cuisine proposée par le chef : Ce que je souhaite, c’est que l’on vienne dans ce restaurant pour la qualité de ce que l’on propose, que ce soit dans l’assiette ou dans le service. Mais beaucoup sont aussi curieux de découvrir le concept et ce qu’on est capables de proposer : je pense qu’on a bien répondu à toutes ces attentes.
Dans l’assiette
On retient une cuisine qui va à l’essentiel, axée sur le produit : un minimum de gestes pour un résultat franc et efficace. Des assiettes lisibles et accessibles, qui ne manquent néanmoins pas d’associations originales. La carte, plutôt courte, change toutes les deux semaines en fonction des produits : Je fais beaucoup les petits marchés du coin et je choisis les produits qui me donnent envie de les travailler. Renouveler la carte permet aussi de toujours se remettre en question et de ne jamais cesser d’apprendre.
Le lunch 3 services (39€) est équilibré et séduisant. On débute avec l’œuf parfait, plat emblématique redéfinit chaque quinzaine pour ne pas s’essouffler. Pour nous, il est accompagné d’une crème de lentilles corail, d’un jus de carottes épicé, de lard fumé, de cresson et de choux de Bruxelles : une recette inspirée du dhal, un plat végétarien réconfortant. On teste également le mi-cuit de thon, butternut, fruit de la passion et cédrat (un agrume proche du citron) : légèrement surette, la sauce s’accorde parfaitement à la douceur du poisson.
Pour poursuivre, un filet de bar en croûte d’herbes, crème de pommes de terre et palourdes, salicornes et poireaux. Tout aussi gourmand, le carré de porc Brasvar, jus truffé, purée de panais et gorgonzola et chou pointu rôti.
Le repas se termine en douceur avec une délicieuse marquise au chocolat noir, feuillantine croustillante et mousse légère de poires au vin rouge épicé. Néanmoins, notre coup de cœur est pour le crémeux au safran, sorbet kumquat, oranges et émulsion au lait d’amandes : grande surprise gustative avec l’utilisation de cet or rouge légèrement amer que l’on retrouve généralement dans des préparations salées. Il est essentiel de bien terminer le repas, je suis très sensible à cela. Selon moi, un dessert doit être conçu comme un plat : on peut travailler avec des épices, des légumes, etc. Je ne me mets pas de barrière, pour moi, c’est ça qui est intéressant.
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Le Chef
Nicolas Titeux ne s’était pas destiné à travailler en tant que cuisinier. Après des études et un début de carrière en gestion des ressources humaines, il s’est engagé dans une reconversion professionnelle dans le secteur de la restauration. Il a par la suite travaillé dans des restaurants gastronomiques dans toute l’Europe (Paris, Londres, Milan) et a également été chef pâtissier. Dans son parcours, il a notamment animé des ateliers de cuisine et pâtisserie pour une ASBL accueillant des personnes poly-handicapées. Revenu à Bruxelles il y a une dizaine d’années, c’est par hasard qu’il s’est vu offrir l’opportunité de travailler en tant que chef au 65 degrés.
L’adresse
65 degrés, Avenue Louise, 173 – 1000 Bruxelles ; T. +32 (0)2 374 54 50.
Ouvert le lundi et le mardi de 12h à 14h et du mercredi au vendredi de 12h à 14h et de 19h à 23h. Fermé le week-end.
La recommandation du Chef
La Buvette, Chaussée d’Alsemberg, 108 – 1060 Saint-Gilles ; T. +32 (0)2 534 13 03.
Ouvert du mardi au samedi de 19h à 23h. Fermé le dimanche et le lundi.
Très chouette chef avec une vraie personnalité et une cuisine qui va à l’essentiel. Un restaurant gastronomique qui propose des menus dégustation en 6 ou 7 services avec de délicieux produits.
ÖTAP, Place Albert Leemans, 10 – 1050 Bruxelles ; T. +32 (0)472 75 47 38.
Ouvert du mercredi au samedi de 19h à 23h30 et le dimanche de 10h30 à 23h30. Fermé le lundi et le mardi.
Un autre resto au Châtelain où j’ai travaillé pendant quelques mois. C’est un jeune chef très sympa et ça marche assez bien pour lui. Ce qui est super, c’est que ce sont des plats à partager. En plus, l’ancien chef de La Buvette y travaille, donc vous y trouverez aussi sa cuisine que j’adore.