Xavier, dessinateur de B.D., s’est installé à Angoulême où il travaille sur « Kirikou et la sorcière », le dessin animé de Michel Ocelot. Dans un bar, il croise Sylvia, provocante et farouche, avec qui il va plonger dans huit années d’une relation exclusive, étouffante et lumineuse. Il va traverser toutes les couleurs de l’amour, de l’indifférence feinte à la fusion charnelle. De gentil, il devient violent pour résister à celle qu’il appelle la vénéneuse. Lessivé, vidé, il ne peut que quitter cette ville dont il avait fait son cocon bohème.
Invention graphique Xavier Mussat parvient à tenir le lecteur en haleine par son incessante invention graphique. Son petit bonhomme a les rondeurs de la B.D. franco-belge, mais le monde qu’il traverse à grandes enjambées peut soudain s’ouvrir à un bestiaire étrange, à des gravures moyenâgeuses ou à un kaléidoscope de jeux d’ombres ou de personnages fantomatiques. On sort du dédale graphique de cet album-confession, un peu sonné, en cherchant la lumière. Et puis on se met à penser à sa propre histoire.
Cheminement L’autobiographie est un des terrains d’expression de la B.D. contemporaine. Xavier Mussat, illustrateur, auteur et cofondateur des éditions Ego comme X, en est un des meilleurs représentants. Il la pratique non comme un rempli sur soi mais comme un cheminement entre souvenir, pensée, critique et invention, nourri de la fiction et des inépuisables jeux de miroir entre texte et image.
Carnation, Xavier Mussat, Casterman, 247 p. N&B, 25 €