Quand elle croise des touristes japonais dans les rues de Londres, Yumiko détourne le regard, signe qu’elle n’a pas complété son intégration, même si elle est sur le point d’épouser un jeune Anglais. Rappelée au Japon après la mort brutale de son père, elle retrouve sa famille et se sent confrontée au poids des coutumes et au jeu codifié des émotions. Elle s’y sent étrangère, comme une actrice qui joue une pièce qui n’est plus la sienne.
L’art de l’ellipse
Comme Yumiko, Fumio Obata s’est exilé à Londres en1991. Loin du Japon, il poursuit une carrière d’illustrateur et d’auteur de B.D. Son travail tourne souvent autour des différences culturelles entre Orient et Occident qu’il dépeint ici avec élégance et subtilité. Son dessin à l’aquarelle maîtrisée d’un trait léger et délicat et son sens de la narration où il manie les ellipses avec un art de l’understatement distillent un charme envoûtant.
Des racines sans terre
Pour arriver à s’intégrer, il faut arriver à s’éloigner. Ce double déchirement que vit Yumiko est aussi une renaissance. Dans les espaces dégagés d’une maison funéraire standardisée, par les fenêtres du shinkansen qui l’emmène à Kyoto, derrière le masque d’un acteur No, elle essaie de trouver ce quelque chose d’immuable en elle, ces racines qui n’ont pas besoin de terre.