Autosatisfaction
La Dolce Vita 2.0

Pierre-Benoît Sepulchre -

Fiat, avec la collaboration de Mazda, ressuscite la 124 Spider, librement inspirée du modèle original né en 1966.

 

© Arnaud de Villenfagne
Se promener dans les rues de Monaco c’est un peu comme se balader le long des allées d’un salon de l’automobile. Des Porsche en veux-tu en voilà, mais aussi des Bentley, des Ferrari, des Rolls-Royce, sans compter les innombrables Mercedes-Benz Classe S, Audi A8 et autres luxueux cabriolets. A croire qu’ici, on ne vend que de voitures disposant au minimum de six cylindres. Du coup, en débarquant avec notre modeste Fiat 124 Spider flanquée de ses plaques d’immatriculation italiennes, on craignait de passer pour le dernier des péquenauds.

 

© Arnaud de Villenfagne
Cinq minutes passées derrière son volant ont suffit à nous prouver le contraire ! Il faut dire que les galbes de la belle italienne ne laissent pas indifférent. Dessiné au centre de style de Turin, ce cabriolet reprend certains éléments caractéristiques de la première génération du Spider née en 1966 et considérée comme l’une des plus belles Fiat dessinée après la Seconde Guerre mondiale. Avec cette nouvelle mouture, on retrouve ainsi une silhouette basse, des proportions latérales à la fois équilibrées et harmonieuses et un profil de sportive renforcé par la présence d’une grande calandre hexagonale, des embossages sur le capot et des blocs optiques arrière au regard félin.

 

© Arnaud de Villenfagne
Vue de l’arrière, deux éléments particuliers se dégagent de la silhouette du modèle : une forme de mouette que l’on retrouve sur le pare-chocs et les feux arrière. Deux éléments caractéristiques de la première génération de la 124 Spider. Autre détail : les feux arrière sont évidés, leur partie centrale reprenant la couleur de la carrosserie du roadster. La double sortie d’échappement qui l’équipe souligne aussi toute la sportivité et le dynamisme du modèle. Une belle réussite !

 

© Arnaud de Villenfagne
Un cabrio sur le Rocher

Mer de béton surmontée d’innombrables gratte-ciels, la Principauté de Monaco n’a pas vraiment de patrimoine remarquable à mettre en valeur, si ce n’est Munegu-Vila (Monaco-Ville), partie la plus ancienne de la principauté que l’on appelle communément « le Rocher ». Mais le très haut niveau de sécurité qui règne sur ce qui ne dépasse pas 202 ha de superficie, ainsi que de nombreux avantages fiscaux ont attiré les plus nantis et, a fortiori, leurs rutilantes montures. Dans ce microcosme, la Fiat 124 Spider parvient à tirer son épingle du jeu, forte d’une silhouette qui laisse tout sauf indifférent, peu importe la couleur retenue.

© Arnaud de Villenfagne
Une fois lancé dans les rues de la Principauté, on relève que les 140 ch générés par le quatre cylindres à essence (1,4 litre MultiAir) qui équipe le modèle suffisent tout à fait à mouvoir l’élégant cabriolet. Et si notre exemplaire était pourvu d’une boîte manuelle à six rapports, une unité automatique est également proposée par Fiat. La première, très agréable à manier et bien étagée, délivre des performances remarquables à tous les niveaux de régime moteur. C’est à la fois efficace et confortable !
Ramage italien,plumage nippon
© Arnaud de Villenfagne
En route pour San Remo

Après une petite heure passée à découvrir les corniches du haut de Monte Carlo, nous décidons de redescendre vers le bas de la ville afin de rallier la superbe route côtière qui mène à San Remo. Cette jolie ville, située à une quarantaine de kilomètres de Monaco, accueille chaque année le plus important festival de la chanson italienne mais également un célèbre rallye automobile. Son casino est aussi un attrape-bolides, les fortunes locales n’hésitant pas à venir s’essayer à la roulette de temps à autre.

 

© Arnaud de Villenfagne
La frontière monégasque, virilement gardée, est rapidement passée. La départementale 6007 nous emmène vers Menton puis Pont-Saint-Ludovic. Les Carabinieri nous ouvrent les portes de l’Italie avec un large sourire, le béton se faisant ici plus rare et la végétation plus généreuse. On respire. La SS1 poursuit son cours le long de la Mer Ligure, en direction de Vintimille et son gigantesque champ de voies ferrées. A la belle époque, cette gare faisait office de poste-frontière pour les voyageurs fréquentant les trains internationaux de prestige, à l’image du Riviera Express qui reliait autrefois Vintimille à Berlin.

 

© Arnaud de Villenfagne
Cette longue route, qui se parcoure entre 50 et 90 km/h (dépendant des tronçons), est rarement à l’ombre ce qui permet, à la belle saison, de rouler capote ouverte sans pour autant être totalement décoiffé (ce qui n’est bien entendu pas le cas sur autoroute). Pour s’assurer d’emprunter le bon chemin, il suffit de décocher « Autoroute » dans le GPS. Après Vintimille, notre Fiat 124 Spider file vers la petite ville de Bordighera et ses nombreuses villas Belle Epoque, flanquées de leurs élégants palmiers.

 

© Arnaud de Villenfagne
Quel brio !

Légère (seulement 1.050 kg sur la balance), forte d’un couple de 240 Nm disponibles dès 2.250 tr/min et surtout proposée en propulsion (la force motrice est transmise sur le seul train arrière), ce cabriolet est un régal à piloter. Il se révèle être du coup un compagnon de route extraordinaire, la belle avalant les kilomètres dans un confort remarquable, tout en étant à même de pousser jusqu’à 215 km/h. La direction, précise et légère, ainsi que la boîte, bien étagée (mais à la 2e un poil trop longue), concourent à entretenir ce qui se présente sous la forme d’un parfait compromis.

Et si la suspension se révèle plus souple que celle retenue par sa cousine japonaise (la Mazda MX-5), elle se montre pourtant tout à fait à la hauteur lorsque l’on conduit de façon plus dynamique. Roulis maîtrisé, absence de plongée ou de cambrage, et grip impeccable, la 124 Spider est une propulsion qui peut aussi être de temps en temps maltraitée.

 

© Arnaud de Villenfagne
Bordighera traversée, il ne reste plus qu’une bonne dizaine de kilomètres à parcourir avant d’atteindre notre destination. Une pause sur un belvédère avec vue sur mer permet de rapidement tester le mécanisme permettant de refermer la capote souple. Ici, point d’assistance électrique, synonyme de poids et de perte d’espace dans le coffre, mais une simple poignée qui permet de fermer la toiture en un tournemain. Rarement un cabriolet se sera ouvert et refermé en aussi peu de temps. C’est basique mais vachement pratique ! Il faut dire que la 124 Spider de 1966 avait déjà retenu la même recette ingénieuse. Inutile donc de changer une formule qui plaît !

A noter aussi que ladite capote en toile offre un niveau sonore bien contenu, ce qui permet d’envisager, sans hésitation aucune, de longues balades sans éprouver la moindre fatigue. Le quatre cylindres italien pour sa part aime à pousser la chansonnette lorsqu’il est sollicité, mais toujours ponctué d’un timbre très agréable à l’oreille. En agrément, il n’a en outre rien à envier au bloc atmosphérique qui équipe la MX-5, pourtant considéré comme une référence dans ce segment.

 

© FCA
Rien ne bouge !

Assemblée au Japon aux côté de la Mazda MX-5, la Fiat jouit d’une finition exemplaire. Et si la Fiat se distingue de la Mazda par des lignes plus consensuelles, l’intérieur semble par contre avoir été boudé par les designers italiens, la 124 reprenant l’habitacle de la Mazda, en ce compris le système d’infodivertissement.

Seuls quelques matériaux ainsi que les compteurs et jauges font exception. Les collègues japonais savent heureusement y faire et l’ambiance générale demeure globalement très réussie. Même constat en ce qui concerne la position de conduite qui frôle la perfection. Seuls les très grands gabarits (plus d’1m90) s’y trouveront un peu à l’étroit, les deux sièges se révélant un poil trop étriqués.

 

© Arnaud de Villenfagne
La Dolce Vita 2.0

C’est donc cela la Dolce Vita 2.0 ! Avec sa 124 Spider, Fiat est parvenu à élaborer un roadster élégant, léger, confortable et plaisant à conduire, le tout pour un budget contenu. Bien insonorisé et disposant d’un volume de chargement de 140 l, il permet de partir à deux durant plusieurs jours sans avoir recours à une remorque. Sans surprise, le modèle est aussi la monture idéale pour tout qui a la chance de vivre dans des contrées ensoleillées. Pour les autres, la capote, hyper pratique à manœuvrer, permet de profiter de moindre rayon de soleil grâce à une ouverture qui s’opère en un peu plus de 5 secondes.

Un cabriolet attachant qui, à n’en pas douter, traversera le temps sans rien perdre de son charme et qui, fort de composants éprouvés et fiables, promet de parcourir de nombreux kilomètres en toute sérénité.

 

© Arnaud de Villenfagne

La Fiat 124 Spider est d’ores et déjà disponible en concessions

A partir de 27.590 €

Consommation moyenne : 5,1 l/100 km

Emissions de CO2/km : 148 g

 

LES PLUS

+ agilité et agrément de conduite
+ confort
+ accord motorisation/boîte

 

LES MOINS

– freinage un peu mou
– suspension parfois trop souple