Sur la plupart des clichés qui nous restent de lui, Neal est vêtu d’un T-shirt blanc près du corps qui ne cache rien de sa carrure façonnée par son travail aux chemins de fer. Neal n’est pas un dandy. Son élégance est sans artifice. C’est un hipster, au premier sens du terme : libre, pauvre, amateur de jazz. Emblème de la Beat Generation, il est aussi, ce faisant, un porte-drapeau de la déconsommation. No logo avant l’heure, mais pas normcore pour un sou. Neal lit tout, tout le temps. Kerouac disait de lui qu’il avait passé les trois quarts de sa vie dans les bibliothèques publiques. Boulimique de mots, nomade dans l’âme, il aurait sans doute aimé avoir dans sa poche l’intégralité de Dostoïevski et plus encore. Neal aime tous les excès : sexe, vitesse, alcool et drogues. Chez lui, pourtant, rien n’est une pause ni une fuite. C’est un désir de vivre. De tout vivre. On le verrait bien porter Fou d’absinthe de l’Artisan Parfumeur, pour le nom et pour l’odeur, qui plaît aux femmes comme aux hommes, lui qui n’avait, en matière de genres, pas vraiment de limites non plus.