Avec Fantasy walk, le groupe de synth pop liégeois Piano Club, livre son album le plus immédiat. 10 chansons entrainantes, acidulées et mélancoliques à se mettre dans l’oreille pour voir la vie en pop.
C’est le genre de disque qui fait du bien. Une gourmandise pop recommandée même aux oreilles diabétiques. Fantasy Walk, le troisième album des liégeois de Piano Club, nous embarque dans un voyage musical vers les eighties et retour. Car c’est dans un trip rétro futuriste que nous invite Anthony Sinatra & co. Dans son vaisseau spatial, le voyage est confortable. Il y a des tas de petites lumières colorées qui s’allument et s’éteignent, une orange pour Electric Light Orchestra, une bleue pour Alan Parsons Project, une jaune pour les Buggles, un vert pour Flash and the Pan et parfois on entendra même des halos du Sweet ou de grands ancêtres que sont les fab four. Mais attention, il ne faut pas y voir du pastiche, ou encore moins une laborieuse copie. On est dans la recréation. De l’upcycling musical en quelque sorte. Oui, on jette un œil en arrière, mais toujours en essayant d’y ajouter cette petite touche, ces expériences sonores qui font qu’on n’est pas du tout dans un revival eighties. Je me tiens vraiment au courant de ce qui se passe en musique, je fais des compilations, j’écoute beaucoup de choses. J’ai besoin de créer de la musique ancrée dans l’actualité. C’est vraiment le disque dans lequel on assume le plus nos influences. On l’a voulu volontairement direct, avec toujours cette envie de ne jamais faire un hommage, mais de conjuguer ces influences au présent.
Est-ce que cela voudrait dire qu’aujourd’hui, on n’invente plus rien ?
Non, on invente toujours quelque chose à partir du moment où on ajoute une petite brique à l’édifice. Un vrai passionné de musique pourra toujours repérer chez un groupe ou un artiste, qu’il a écouté ceci, qu’il a vu ceci. Mais ça, c’est normal.
Le vaisseau qui nous a embarqué brille de mille feux. Il en a vu des galaxies et des étoiles blanches. C’est une bécane qui a déjà beaucoup voyagé et son moteur ronronne toujours comme un chat repu. Anthony Sinatra tient fermement les commandes. Il regarde devant, vers le haut. Jamais en arrière ou vers le bas. J’ai toujours l’impression qu’en regardant vers le ciel et vers l’espace, on arrive plus vite au futur, on approche des étoiles et que du coup, on s’échappe un peu de ce que peut être la réalité, mais ça tient du rêve. C’est une fascination qui vient aussi des sonorités que dégagent nos instruments qui donnent parfois l’impression de venir de l’espace, mais ça s’arrête là. Quand on chante un titre comme Comets, c’est une métaphore de notre vie sur terre, c’est nous qui ne faisons que passer, en fait.
Les dix chansons de l’album déboulent dans un sentiment d’urgence et d’hédonisme. Ceci pourrait être ton dernier plongeon, chante-t-il dans Splash. Les rythmes sont dansants, la basse bouscule, la guitare se faufile et les nappes de synthés élargissent l’espace. Et les voix dessinent les mélodies. Les échos en pagaille répercutent les chœurs et les claviers. Dans la deuxième moitié de l’album, on délaisse le dance floor pour une humeur plus introspective. Le beat retient son souffle avec Esther qui attend une réponse. La Fantasy Walk promise en titre, c’est la vie tout simplement. Des montagnes russes d’émotions du haut vers le bas et inversement. La vie est une espèce d’aventure jusqu’à la surprise finale. Des fois, c’est très compliqué et des fois, c’est magnifique. Il faut savoir l’accepter et la traverser en gardant si possible un bon souvenir de tout ça. Houdini’s challenge sautille avec son côté fancy-fair. Sur Yui, le tempo se fait plus flottant, plus rêveur. Crocodiles et Everytime terminent tout en mélancolie. On a volontairement divisé le disque en une face A et une face B. Ça commence comme si on s’apprêtait à faire la fête, puis la fête est là et enfin tout doucement, on rentre à la maison et on se rappelle ce qui s’est passé.
C’est à la maison, sans stress, que les chansons ont été peaufinées par Anthony Sinatra et Salvio Ladelfa, complices musicaux depuis l’école. Dans leur home studio où les claviers vintage cohabitent avec les logiciels numériques, ils ont concocté un disque organique et instinctif avec une écriture le matin, un enregistrement l’après-midi et un mix le soir. Derrière le son immédiatement reconnaissable de Piano Club, il y a dix chansons qui ont leur personnalité avec leur couleur et leur mélodie propre. Comme des explorateurs partis à la recherche d’une cité perdue, les membres du club sont en quête de la chanson pop parfaite. Mais ils savent aussi que c’est le voyage qui compte car une telle formule n’existe pas. Je crois plutôt aux accidents parce qu’il y a tellement d’éléments qui entrent en compte au final : il y a la sincérité, les sonorités, le talent évidemment, et il y a l’époque et le moment. Il y a beaucoup d’ingrédients qui font que quelque chose qui n’est finalement pas très réfléchi arrive à toucher le cœur des gens.
Et puis, écrire une chanson pop, c’est comme lancer une bouteille à la mer, certains l’ouvriront et glisseront une oreille ou tout le cœur. D‘autres l’effleureront du bout du pied sur le rivage. Mais surtout, la chanson pop a la séduction fragile, qui tient à peu de choses. Un rayon de soleil, un nuage dans le ciel, un goût dans la bouche, le sourire d’une fille ou d’un garçon, Je me rappellerai toujours du moment où j’ai entendu tel morceau pour la première fois. Piano Club est un projet ancré dans une forme de nostalgie liée aux premiers émois ressentis à travers les disques de nos parents. J’ai toujours écouté les disques de mes parents, et c’est vers 10 ans que j’ai eu mes premiers coups de foudre et à 15 ans, j’ai commencé à jouer mon premier instrument. Tout cela ne serait encore rien sans le travail des écoutes répétées. On ne peut pas vraiment comprendre un morceau à la première écoute. Il y aura toujours un autre sens de lecture qui va apparaître un peu plus tard en fonction de l’âge auquel tu découvres le morceau ou de l’état dans lequel tu te trouves.
Avec les années, Piano Club tourne un peu moins. Les longs trajets en van pour déballer son matos et jouer dans la foulée devant 60 personnes ont perdu de leur charme. Mais ils adorent toujours jouer. Et puis la scène, c’est chaque fois une autre aventure, pas une copie carbone de l’album. Pour la tournée de Fantasy Walk, ils ont invité quelques-uns de leurs ami(e)s à les rejoindre et à donner de la voix. On avait envie d’insuffler de la vie à travers les voix, pour faire contrepoint de tous ces sons un peu synthétiques qu’on a utilisé sur l’album. On a aussi eu envie de nouvelles choses et surtout vivre une expérience humaine. Être entouré d’amis si nombreux, ca crée quelque chose sur scène qui est vraiment chouette à vivre. Et puis les concerts, ça rassemble les gens. Parmi ceux qui nous suivent, on a des amitiés qui se sont formées, des gens se sont rencontrés à des concerts, partagent des choses grâce à nous. Le simple fait d’avoir créé des choses qui n’existaient pas et qui ont été à l’origine d’amitiés, d’aventures et d’expériences humaines, bien réelles celle là, c’est aussi ça la magie de la pop.
Piano Club, Fantasy Walk, CD jauneorange PIAS, 10 titres, 38 minutes
La tournée
10-02-17 – Botanique, Bruxelles, www.botanique.be
11-02-17 – Le Salon, Silly, www.sillyconcerts.be
25-02-17 – Young Guts Festival, Namur, www.facebook.com/YoungGutsFestival
25-03-17 – BelZik, Herve, www.belzik.be
29-04-17 – Inc’Rock Festival, Incourt, www.incrock.be