L’Ardèche, terre de nature, réputée pour ses plateaux, ses gorges et ses terrains d’exploits sportifs s’affirme de plus en plus comme une destination vélo. Traversée de voies douces, elle invite à la balade .. ou à plus, pour les mollets résistants.
Sur 815 Km, la ViaRhôna relie le Lac Léman à la méditerranée. Tracée paresseusement le long du fleuve, elle traverse l’Ardèche sur quatre tronçons partagés avec la Drôme. Les paysages sont ouverts. On longe des champs, des vergers et, entre nature et patrimoine, on traverse villes et villages et des ouvrages d’art historiques ou les impressionnantes passerelles himalayennes de Rochemaure et de Baix. La ViaRhôna offre des connexions avec d’autres voies douces qui s’aventurent au cœur des vallées, la Dolce Via, la Payre ou la voie Bleue. A chaque étape, le label Accueil vélo garantit au vélo-randonneurs une pause pensée juste pour eux.
L’Hermitage, le Crozes-Hermitage,le Saint-Joseph et le Saint-Péray, quelques-unes des fameuses appellations Cotes du Rhône qui prennent le soleil sur les coteaux qui surplombent Tain-l’Hermitage. Pourquoi pas une petite balade en vélo électrique pour découvrir les différents terroirs locaux ? Depuis le pied de la colline jusqu’à la chapelle, le sommelier Fabien Louis raconte le vin, sa culture et son terroir. Comment le terrain, une sédimentation en galets roulés ou plus granitique, détermine le caractère du cru, souple et fruité ou alors minéral et complexe. Et pourquoi sur les coteaux, la vigne se cultive-t-elle plutôt en échalas. Au sommet de la colline, au pied de la Chapelle qui culmine dans les 300 mètres, la vue sur le Rhône et ses vignobles est splendide. On y voit aussi les sommets du Vercors et, par beau temps, le Mont Blanc. Après la descente, il est bien entendu possible de découvrir tous les vins produits dans les terroirs traversés et dans leurs environs.
Depuis des lustres, Tournon et Tain l’Hermitage se sont toisé de part et d’autre du Rhône. Pour les relier, la Passerelle Seguin, pont suspendu à huit câbles de fer construit en 1846 par un ingénieur fasciné par les ponts de lianes qu’il avait admirés en Asie. Chef-lieu de l’Ardèche, Tournon n’est pas sans charme avec son cœur médiéval coiffé du château. Derrière sa porte cloutée, l’ancienne demeure du comte de Tournon se fait musée, exposant d’éclectiques collections liées à la ville et à la navigation fluviale. Adossé au coteau surplombant la ville, le Jardin d’Eden est l’ancien parc du monastère des moines de l’ordre des Cordeliers. Sur un hectare, il déploie un parcours botanique émaillé de fontaines et de bassins dont certains ont été édifiés sous la Renaissance. Si tout cela vous a laissé un petit creux, vous pourrez le combler à La Péniche qui combine slow-food sur le pont et espace coworking dans les soutes.
C’est rouge et dodu comme la voiture de Oui Oui. Et avec des pédales comme un cuistax sur rails. Tout commence au départ de la charmante gare de Boucieu-le-Roi par une montée d’une trentaine de minutes en autorail avant d’embarquer dans les petites voiturettes pour descendre à la queue leu leu le long des gorges du Doux à la force des mollets. Construite entre 1886 et 1890, la voie ferrée, accrochée aux parois rocheuses, suit le cours de la rivière. Réhabilitée en 2011, la ligne exploite deux parcours de vélorail depuis 2015. Entre vergers, châtaigneraies, aplombs rocheux et viaducs tendus au dessus d’un cours d’eau tortueux où s’ébattent à nouveau les loutres, la vue est magnifique. On glisse en plein milieu du paysage, le silence à peine troublé par le bruit métallique des roues sur les rails. L’effort physique n’est pas trop exigeant, juste ce qu’il faut pour tenir la forme.
Encore une voie qui emprunte une ancienne voie ferrée, pour suivre le cours de de l’Eyrieux, cette fois. Le parcours est plutôt variée et peu escarpé, tantôt chemin de gravier tantôt ruban goudronné à partager avec les voitures et les piétons. A travers villages, bois ou vallées, la Dolce Via a de multiples visages. Au passage de Saint-Sauveur de Montagut, ce serait dommage de rater le glacier Terre Adélice. Démarré en 1995 avec des sorbets de fruits crus, l’artisan a pris de l’ampleur tout en privilégiant toujours la production locale et biologique, si possible. Ils produisent aujourd’hui plus de 150 parfums avec de nombreuses surprises comme les glaces au calisson, à la lavande ou au piment d’Espelette, toujours bio, le sorbet à la tomate basilic ou à la Clairette de Die. Les cyclistes en mal d’aventures aquatiques peuvent aussi descendre à la rivière pour une balade en canoë entre les rochers.
Le charme des balades tient au paysages traversés autant qu’aux haltes que l’on s’offre, pourquoi pas dans un des vingt villages de caractère que compte l’Ardèche. Accroché au flanc d’un éperon rocheux au confluent du Rhône et de l’Eyrieux, Beauchastel a presque des airs de villages provençal avec ses rues étroites et ses escaliers qui se croisent comme dans une gravure d’Eischer. Les amateurs d’Art brut, apprécieront d’autant plus la balade dans le village qu’il est parsemé de sculptures et totems animaliers d’Alphonse Gurlhie, réalisés au début du XXème siècle à partir de matériaux trouvés. Chalencon, ancienne place forte nichée au cœur du Parc naturel des Monts d’Ardèche, conserve avec ses deux enceintes fortifiées de nombreuses traces du Moyen-age. Du château de Crussol, il ne reste plus que des ruines qui s’étendent sur un large site ceinturé de remparts romantiques dominant majestueusement la vallée du Rhône.
Les cyclistes, les vrais, ne résisteront pas à l’Ardéchoise, la plus grande épreuve cycliste amateur de montagne. Organisée depuis 1992 au départ du petit village de Saint-Félicien, elle offre, suivant les envies, plusieurs parcours non-chronométrés de 4, 3, 2 ou une journées proposés cette année du 19 au 22 juin. Elle rassemble environ 15000 participants qui traversent des villages plongés dans une ambiance indescriptible de fête cycliste. L’événement peut compter sur plus de 8000 bénévoles qui assurent l’intendance, la décoration et le transport des bagages des coureurs. Pour ceux qui veulent y gouter à leur rythme et à leur convenance, ils ont le choix à toute époque de l’année, entre 13 itinéraires balisées et fléchés au nom de Sur les routes de l’Ardéchoise. De 82 à 620 km, du nord au sud se succèdent des routes qui serpentent dans les vallées douces ou encaissées, franchissent des cols, traversent des forêts de châtaigniers et des villages regorgeant de spécialités fromagères, charcutières et fruitières. La fête du vélo, c’est quand on veut en Ardèche.