De ce soir au dimanche 23 octobre, le quartier Dansaert vibre au rythme de la mode et du design. L’originalité est d’avoir rassemblé ces deux disciplines au sein d’un même évènement – rencontre qui peut ne pas apparaître évidente. C’est également l’occasion d’observer et de comprendre la diversité des formes de soutien que fournit une institution comme le Mad. La direction artistique de l’évènement a été confiée à Jean-Paul Lespagnard qui, hier soir, lors de la remise des prix et du vernissage, avait revêtu pour l’occasion son habit de lumière. C’est aussi l’occasion pour le grand public de venir découvrir un monde qu’il croit, à tort, fermé, difficilement accessible et tournant à vide.
Venir apercevoir l’originalité des créateurs est une chose, prendre conscience des défis majeurs qui animent ces différentes professions « créatives » en est une autre. Loin, en effet, de s’appesantir dans une posture de superficialité et d’ornement, la mode et le design semblent préférer à la gloire de l’individu et de son génie solitaire, les oeuvres qui se tournent désormais vers l’économie participative, l’interdisciplinarité, l’écologie et le recyclage. Proche des préoccupations sociales, le « créatif » assume ouvertement un développement des possibles mais aussi – et peut être surtout, en définitive – une recherche de solutions sociétales concrètes. Certes, la quête incessante de l’innovation a toujours été l’apanage du « créatif », mais il apparaît nettement que cette innovation prend actuellement une tournure décisive : portée naturellement vers l’extérieur et vers les différentes réalités contemporaines, elle s’affirme aujourd’hui comme un moteur de créativité sociale qui possède d’autres noms que celui de l’utopie.
Cette démarche prend la forme d’un engagement clair sans revêtir pour autant un aspect « politique »: le designer se demande, en repoussant l’impossible chaque fois un peu plus loin, ce que son travail permet physiquement et socialement et non plus seulement ce qu’il peut susciter le temps d’un bref éclair esthétique. Plus que la stupéfaction ou l’admiration, c’est donc à la lucidité qu’il en appelle. C’est comme si le design voulait rejoindre un point au delà du design ; la mode trouver un lieu ailleurs que dans la mode. En créant l’évènement de leur redéfinition perpétuelle, ces disciplines dépassent le cadre de leurs représentations figées et favorisent la construction d’un espace de rencontres inédites avec le monde, dont elles s’efforcent de redire le mouvement et le mystère. Loin de la fonctionnalité rigide, de l’esthétique tapageuse ou des manifestes révolutionnaires surannés, c’est à une redéfinition de l’usage que s’attèlent actuellement tous ces métiers. Or questionner l’usage des choses et du sensible revient à interroger la notion de partage.
Cette nouvelle génération de créatifs sera, dans ce cadre, divisée en trois catégories : le design textile, le design mobilier et la mode. En plus de ces nouveaux talents, c’est une « fashion and design parcours » de créateurs déjà confirmés qui sera proposée aux visiteurs dans les différentes vitrines des magasins du quartier Dansaert. Entre une chasse aux trésors et des workshops pour enfants et adultes, le curieux pourra également entendre des conférences et assister à des débats, et ainsi faire de sa promenade contemplative un exercice de liberté pour l’esprit.
Young and Mad, du 20 au 23 octobre, Meeting Point, 90 Rue Antoine Dansaert 1000 Bruxelles
Infos et programme détaillé : http://mad.brussels/fr/event/young-and-mad