Classes de mode

Créateurs de tendances

Ce sont eux qui, dans le fond, sur la forme et sous nos yeux, donnent naissance aux nouvelles tendances. Ceux qui n’ont pas peur de s’essayer, de jeter et de recommencer comme l’affirme avec franc parler Francine Pairon, directrice de l’Institut français de la mode, celle grâce à qui tout a commencé, celle qui, à partir de rien, a créé le département stylisme et création mode de l’École. Celle grâce à qui le défilé prend vie dans l’allée des Halles de Schaerbeek chaque année, un peu avant l’été.

Tissus de mots

Dans le couloir où défilent les mannequins, au son résonnant d’un électro détonnant, la littérature file à toute allure. Il fait chaud dans les rangs, les modèles viennent et repartent drapeaux brimbalant dans le vent. Disposés en patchworks sur des cerf-volants, des parasols, des soies, du nylon jusqu’aux empiècements rock and roll virevoltant à même le sol, les mots prennent place dans cette nouvelle ère vestimentaire. (On peut même lire sur un drapeau que L’ouverture de l’esprit n’est pas une fracture du crâne.)

Vestiaires de demain

Les créations des premières années affirment une nudité chair, torsadée et distinguée, à la fois futuriste et pleine de légèreté. Celles des classes supérieures viennent ensuite – les mannequins perchés sur leurs semelles sonores et métalliques – avec des vestiaires argentés, réversibles ou rembourrés (Alexandre Paty), de jeunes modèles endimanchés dans leurs tartans et leurs mailles surdimensionnés (Charlotte Mounzer). Enfin, des impressions romantiques dévoilent des robes à franges, à volants, des combinaisons asymétriques, du vermillon (Anouk Fallon). Et on finit en beauté avec les maillots et les chemisiers bigarrés de ces tenues élégantes et laconiques qui habilleront l’été de demain (Naomi Courau).

Louis le poète

Dans tout ce spectaculaire charivari de matière et de poésie, se démarque celui qui fait la fierté de Paris, d’où il vient, et de La Cambre à Bruxelles d’où il sort diplômé après cinq années de travail concentré et de rigueur appliquée. Louis Gabriel Nouchi, celui qui de Hyères, le festival international de mode et de photographie qui récompense chaque année de nouveaux talents, où il fut l’un des dix finalistes, à aujourd’hui, signe une dernière collection poético-sportive pour La Cambre. J’ai fait cette collection homme autour du recueil de poèmes « Alcools » de Guillaume Apollinaire, en essayant de relier cette ambiance de marcheur solitaire, dans un Paris en pleine évolution, avec les groupes de jeunes qui traînent dans les cités. Concrètement, la collection est une réflexion sur la notion d’ensembles tailleurs et d’ensembles joggings. J’ai travaillé des matières très luxueuses telles que la soie, le double face cachemire, le jersey de laine épais. Et puis des matières très techniques comme le néoprène et le jersey technique alors qu’en général, je travaille les matières « classiques » avec du drap de laine, du coton, du crêpe et des lainages… En réalité, je voulais du challenge avec de nouvelles matières pour ma dernière collection. Cette année a été très intense avec six mois de stage chez Raf Simons, ma participation au festival de Hyères et ma 5e année à La Cambre… Là j’ai envie de prendre un peu de vacances, après on verra ! À entendre Louis Gabriel Nouchi, on sent qu’une page se tourne mais qu’un avenir « tout tracé » s’esquisse désormais. Comme le dit Francine Pairon : La rupture est création, nous dormirons plus tard.

École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre, 21 Abbaye de La Cambre, 1000 Bruxelles, Belgique, T. +32 2 626 17 80,
www.lacambre.be  lacambre@lacambre.be Inscriptions exclusivement au secrétariat de l’école, du lundi 23 juin au vendredi 4 juillet 2014 et du lundi 18 août au vendredi 29 août 2014, de 9 h à 15 h.