Ô Talent
La Cambre Mode 2015

Julie Nysten -

La Cambre Mode façonne les fameux créateurs de demain. Cette année, le show 2015 a encore relevé ses ambitions esthétiques. Éclairage par deux membres du jury et anciennes élèves de la prestigieuse école : Déborah Macquart et Julie Dekegeleer.

 

Silhouettes d'Anna Kraszewski, 2e année
PremièresImpressions
Déborah Macquart est  Senior Designer chez Saint Laurent et Julie Dekegeleer est Senior Designer chez Paco Rabanne. Toutes deux ont étudié à La Cambre. Dès leur sortie, elles ont décroché des postes dans des maisons de couture. Givenchy et Balmain pour Deborah, Cacharel et Balenciaga, entre autres, pour Julie.

Les professeurs de La Cambre essayent toujours d’avoir des anciens comme membres du jury. Cette période est souvent très intense lorsqu’on travaille dans une maison de couture, ce sont les pré-collections, explique Deborah Macquart. Mais cette année, j’ai accepté avec plaisir, avec les autres membres du jury, nous avons établi des groupes de discussions avec les étudiants, c’était très enrichissant.

 

Silhouettes des 1ères années

 

Comment choisir ?

Le rôle de jury pour l’attribution des différents prix remis dans la foulée du show de fin d’année est une mission complexe. Comment juger ?

Un des critères principaux pour moi est l’équilibre entre l’aboutissement des collections (de l’idée à la finition) et la prise de risque. Les critères sont un peu différents si l’étudiant est en 4e ou en 5e année. Mais de toutes façons, il y a l’attente d’être transporté dans un univers à travers des silhouettes et des visuels lisibles et convaincants, explique Julie Dekegeleer. Il faut qu’une force se dégage de la réalisation, comme la poursuite d’un rêve extraordinaire, nuance Deborah Macquart. Faire partie de ce jury m’aide aussi dans mon travail de tous les jours, cela insuffle une énergie folle.

VideoJulian Klausner
Silhouettes de Julian Klausner, 4e année

 

 Pourquoi La Cambre ?

Deborah Macquart et Julie Dekegeleer sont unanimes. La formation de La Cambre Mode est une des plus pointues et complètes du monde de la Mode. Les étudiants sont très bien préparés aux métiers de la mode, on apprend à travailler en équipe, la pédagogie est  soignée avec un fort accent technique. Chaque année, il faut créer et mettre en scène douze silhouettes pour le show. Bruxelles est  un microcosme exceptionnel pour la création, estime Deborah Macquart. Pour Julie Dekegeleer, le plus de La Cambre, c’est une formation de qualité qui s’étale sur cinq ans, qui permet d’apprendre étape par étape… Chaque année a une ambition bien précise. C’est une expérience incroyable. 

 

 

 

Silhouette de Marine Serre, 4e année,© Etienne Tordoir, Catwalk pictures
PalmarèsShow 15
Coup de foudre

Son travail a fait la quasi unanimité parmi les membres du jury. Marine Serre, élève de 4e année, a reçu trois prix : celui de Brussels Import & Import, celui de Code Firsko/Tan Dem et celui de Sofam. Ce visuel sur la peinture flamande, avec des couleurs modernes, c’est de l’art contemporain. C »est réellement extraordinaire, elle maîtrise la technique. Elle est vraiment prête à entrer dans le monde du travail, s’enthousiasme Deborah Macquart. J’ai été séduite par son travail, c’est magnifique et très personnel, enchérit Julie Dekegeleer.

 

 

Silhouettes des 1ères années

 

À la mode, à la mode… de demain?

Pour Julie Dekegeleer, c‘est une question difficile, on va vers une manière plus industrielle de faire le vêtement, avec des délais de plus en plus courts pour lancer les collections. Mais paradoxalement, ça donne des envies d’artisanat et de développements de matières exceptionnels. Je pense que notre rapport au temps va influencer en grande partie la manière dont la mode va muter. Quant à Deborah Macquart, elle considère la mode de demain comme un challenge. Il est de plus en plus difficile de porter la création assez loin, je suis inquiète mais je crois que le défi à relever pour cette industrie est un défi hyperintéressant.