Par Dorothée Catry
Je perpétue les gestes d’un savoir-faire spécifique à l’aide d’outils anciens et transforme la soie teinte en pétales, puis en fleurs...
L’atelier de teinture
Je teins depuis longtemps, presque envie de dire depuis toujours… À la Fondation de la Tapisserie, par exemple en 1998, je cherche « le vert Chantal »: je teins un grand nombre d’échantillons de tissus en verts, à la recherche du vert, que mon amie Chantal garde en souvenir d’un voyage en Toscane.
Je teins artisanalement, en mélangeant de minimes quantités de poudres de teinture, comme un peintre, à la recherche d’une couleur. Dans un premier temps, je fais de la teinture artificielle ; utilisant des poudres de synthèse, mais je sais que je vais explorer les origines de la teinture: la teinture naturelle.
En 2018, après une première initiation à l’art de prélever les colorants des plantes, c’est une révélation, j’installe mon atelier de teinture.
Bandes de soie teintes dans l’atelier ©Laetitia Paillé
Les fleurs
Les jardins
Les pétales de mes fleurs offrent des nuances de teintes d’intensité et de clarté subtiles et uniques.
Je teins d’une manière plutôt organique et j’aime faire des dégradés de couleurs dans mes bandes de soie.
Je ne souhaite pas devoir reproduire à l’identique une couleur… Mais alors comment communiquer clairement les couleurs de mes fleurs sans les figer dans un nuancier d’échantillons?
Il me fallait créer mon propre système de classement : les jardins de couleurs! Chaque jardin est composé de différents parterres de pétales de soie teints, numérotés et nommés. Chaque fois que je veux classer de nouvelles couleurs je plante un nouveau jardin!
Mais pour faire des jardins… j’avais besoin d’un jardinier : Felix Adrien D’Haeseleer
Planches et boite à jardin ©Laetitia Paillé
Inspirations végétales
Laetitia Paillé, mon amie photographe signe presque toutes les photos de Dorothée l’a fait. On se rencontre lorsqu’on est étudiantes à La Cambre. Avec Laëtitia, pas besoin de beaucoup parler, elle capte toujours l’inattendu du petit rien, on se comprend et on fait équipe.
J’adore son travail personnel et ses ßetamorphoses : photographies de ses rencontres fortuites avec le végétal.
À la manière d’un entomologiste et sans aucune intervention, confie Laetitia, je prélève des éléments abandonnés du monde végétal pour les figer, l’espace d’une empreinte photographique. Ils se transforment alors en de fantastiques et curieux tableaux révélant ces secrets inattendus que nous offre discrètement la nature.
Photo de gauche sans titre , ßetamorphose rose , ßetamorphose bleue. ©Laetitia Paillé
Je commence une nouvelle aventure créative avec Olivier Pestiaux, artiste plasticien qui nous a invite à former un trio, tel un groupe de rock avec Grégoire Romefort, graphiste et éditeur de livres d’artistes Le facteur Humain. Nous préparons ensemble un projet d’exposition inspiré par le végétal …A suivre…
Olivier a exposé dernièrement chez Odradek son travail d’empreintes végétales et voiles de soies effectué à partir d’une réflexion sur l’énigmatique aphorisme d’Héraclite « la nature aime à se voiler ». Il recueille fougères et roses pour, de leur substance, constituer des empreintes. Son but, est d’écrire avec la nature.
Impression végétale sur soie de roses et dessin à l’encre, 594 x 841 mm
L'atelier des fleurs
Mon univers
C’est l’histoire d’une femme, qui me présente une femme, qui me présente une autre femme… et c’est fantastique, j’adore ce genre de situations qui se tissent spontanément et sont nourries d’enthousiasmes partagés !
La première femme, c’est la fabuleuse Franc’Pairon que je ne présente plus. Elle est cheffe d’atelier de La Cambre-Mode(s) quand je suis étudiante en sérigraphie. Des années plus tard, on se rencontre à plusieurs reprises. Un jour, elle m’invite, dans un lieu superbe, à une lecture de ses textes. Un moment très touchant et plein d’énergie. On est tous si bien ensemble qu’on finit au café Daringman, rue de Flandres, à boire des coups !
Récemment, Franc’ m’appelle pour me dire qu’elle a deux femmes magnifiques à me présenter. Une de ces deux femmes s’appelle Valérie Barkowski. Depuis je reste en contact avec Valérie. Je lui fais des chapeaux. Et cerise sur le gâteau : je découvre mon portrait végétal dans son livre 54+1 Portraits ! Dorothée est dans la famille des Kwanitas ! (Photo à gauche ©Valérie Barkowski)
Vive les rencontres stimulantes de la vie!
Portrait de Dorothée Catry ©Lydie Nesvadba
Des bouquets de couleurs
à porter