L’Inde compte parmi les principaux fournisseurs textiles d’Ikea pour ses tissus d’ameublement et son linge de maison. Soucieux d’introduire une solide dose de respect des travailleurs et de l’environnement dans ses fournitures, le géant suédois impose sa vision à ses sous-traitants locaux. Reportage au cœur de la filière coton, cette fois dans le Tamil Nadu. Épisode#2
Comme elle, plus de 2.000 personnes travaillent dans les filatures de la société Asian Fabricx, au cœur de l’immense province méridionale indienne du Tamil Nadu. Aradhana, 32 ans, habite la ville voisine de Karur avec son mari et ses deux garçons, et elle remercie tous les jours le ciel de lui avoir permis de décrocher ce job il y a bientôt dix ans. Beaucoup de femmes – et même d’hommes – en Inde rêveraient d’avoir d’aussi bonnes conditions de travail, témoigne-t-elle.
Iwaythe Ikea way of doing business
Responsabilité sociale et environnementale
C’est une ruche bourdonnante mais parfaitement organisée, mixte, joyeuse, où chacun a sa place et travaille dans des conditions modernes, confortables, dignes des standards occidentaux. On est loin des ateliers textiles surpeuplés et insalubres qui pullulent ailleurs en Inde ou au Bengladesh voisin. Une filature traite le coton brut, estampillé Better Cotton Initiative à 100%, bien sûr (lire aussi notre article : Or blanc en Inde, le coton autrement).
Concrètement, l’utilisation de coton BCI ne change rien pour nous en termes techniques et industriels, remarque le directeur général et fils du fondateur, V. Ashok Ram Kumar. Le processus de traitement est le même et la qualité similaire. Ce qui est le plus important à nos yeux, c’est son impact social et environnemental. Et l’on constate qu’outre Ikea, de plus en plus de clients demandent des produits BCI. »
Des millions d’hectolitres d’eau servant au lavage et à la teinture du coton sont épurées dans d’immenses installations de traitement, les déchets sont intégralement recyclés et les produits chimiques récupérés. Les investissements à vocation sociale ne sont pas en reste. Salaires supérieurs à la moyenne locale, crèche d’entreprise, programmes de formation, transport collectif des salarié(e)s, cantine servant des repas équilibrés, distributeurs automatiques dans l’enceinte de l’entreprise pour permettre aux femmes de disposer à leur guise du fruit de leur labeur…
Coup de pouce à l’éducation
Sans oublier une clinique où trois médecins dispensent des soins gratuits non seulement au personnel, mais à toute personne du voisinage qui en a besoin. C’est ce dont je suis le plus fier, sourit Ashok Ram Kumar, qui nous reçoit pieds nus dans son costume et son confortable bureau. Nous soignons 30 à 40 personnes par jour, avec un objectif sous-jacent : celui d’éduquer les gens à la santé. A propos d’éducation, des bourses d’études sont aussi accordées chaque année aux enfants du personnel qui obtiennent les meilleurs résultats scolaires. C’est sélectif, bien sûr, mais elles couvrent toute la scolarité des enfants , précise notre interlocuteur.
Le directeur général ne s’en cache pas : si l’entreprise familiale avait déjà la fibre environnementale et sociale, les longues années de collaboration avec Ikea ont beaucoup influencé notre parcours dans ces domaines. C’est un cercle vertueux : cela nous permet d’atteindre des clients plus exigeants mais aussi d’attirer le personnel le plus compétent dans une région qui connaît une pénurie de travailleurs qualifiés.
entretienWWF
A lire l’épisode # 1 Or blanc en Inde, le coton autrement par Philippe Berkenbaum