Marrakech la bruyante, l’effrénée, l’étourdissante, l’étouffante. Marrakech shopping, culture palabres… Et si on passait un moment au vert ? Pas dans la palmeraie, magnifique mais policée, non, dans la nature, sans apprêt, brutale et calme, assourdissante de silence, époustouflante d’espace.
Sable, vert pâle de l’orge, roches rouges, roses, grèges, noir de schiste, vert des oliviers, gris des sentiers. Les couleurs sont changeantes, liées à la lumière et à la nature du sol, comme ces villages que l’on traverse, construits à partir des pierres extraites du terrain et qui évoluent du rose au grège selon la terre sur laquelle ils sont bâtis. Impossible de les rendre avec justesse, voilà pourquoi cette aventure est en noir et blanc, histoire que chacun y pose ses propres couleurs.
Photos deTanguy Cortier
La montée commence à Amizmiz, en direction d’Azgour, d’où l’on pourra avoir une vue spectaculaire et dégagée, s’il fait beau Inch’Allah ! sur l’Ardouz, l’un des plus hauts sommets de l’Atlas (3650 m). D’après Said, notre guide, la meilleure saison, c’est mars, avril : il y a des fleurs, c’est beaucoup plus vert. Mais, en tout temps, cela vaut le déplacement : une heure depuis Marrakech en voiture sur une route qui, elle aussi, éveille la curiosité. Précision pratique : il peut faire froid!
Première surprise, on se croirait sur le Ventoux : pins parasol, genévriers, lavandes et romarins… mais les paysages sont tellement diversifiés qu’à la fin de la route, on aura évoqué les landes écossaises, les canyons du Nevada, une forêt primaire façon « Jurassic Park » ou encore ce que nous pensons être le désert. Ce qui fera bien rigoler notre guide : Ben non, dans le désert, il n’y a rien… C’est vrai que dans ces étendues apparemment hostiles bruissent des herbes odorantes, butinent des abeilles et paissent les troupeaux.
TRIPAtlas : suivez le guide
La route de départ devient vite un chemin de pierres, entretenu à la main par un cantonnier opiniâtre, puis un sentier dans la lande sablonneuse puis un oued, dont la traversée mène à un village.
À 55 km de Marrakech, les contreforts de l’Atlas contrastent violemment avec la cité marchande. En pays berbère, le calme est presque inquiétant et heureusement troublé par les aboiements d’un chien, le grelot d’une brebis, le braiment d’un âne…
Les vues sont aussi larges et dégagées que les souks sont étroits et encombrés, l’air est aussi pur que la place Jemaa el-Fna est enfumée le soir : une excursion à faire à pied, à cheval ou même en voiture, pour le contraste, les vues et la rencontre avec les habitants.
Les enfants vous accueillent, hilares et curieux. Ils vous demandent votre prénom, rient de vos chaussures, de votre tenue et surtout essayent d’obtenir de vous, bonbons, stylo ou carnet. Question posée au guide : Vraiment, on peut ? Oui, mais oubliez les bonbons, les fournitures scolaires sont très appréciées. Donnez-les à un responsable du village.
HEBERGEMENTNomades de luxe
Léopards, hyènes et lions de l’Atlas ont depuis longtemps déserté les lieux. Aujourd’hui, la faune sauvage est constituée de loups, de sangliers et… de hérissons, mais en levant les yeux on peut avoir la chance d’apercevoir des rapaces, aigles ou faucons… Pour ça, une seule option : prendre le temps.