Participer à des vendanges en Moselle luxembourgeoise, c’est l'occasion de mettre ses préjugés au vestiaire. Car oui, de bons vins et de belles bulles, on en trouve partout où il y a un travail de qualité.
Première belle surprise, découverte de la cuvée de l’Ecusson, fer de lance des caves Bernard-Massard. Un brut, méthode traditionnelle (anciennement appelée méthode champenoise), qui bénéficie de deux ans de fermentation et est composé de quatre cépages, à savoir le pinot blanc, le riesling, le chardonnay et le pinot noir, une fine bulle d’expression aromatique complexe. La vue imprenable sur la vallée de la Moselle depuis la cahute aménagée en lieu de pique-nique donne une dimension supplémentaire à la dégustation.
C’est alors que l’on se rend compte de l’importance accordée au respect de la terre par cette famille, vignerons depuis quatre générations, qui allie tradition et modernité. L’enherbement pratiqué ici fin juillet consiste à entretenir un tapis végétal, naturel ou semé, entre les rangs. Cette pratique est une alternative au désherbage chimique et au travail du sol. Les insectes protecteurs de la vigne comme les araignées et les coccinelles, l’utilisation de phéromones, une technique de lutte contre les parasites qui induit la confusion sexuelle en perturbant leur système hormonal de reproduction, ont permis d’éviter le recours aux pesticides, aux insecticides ou aux produits chimiques depuis vingt ans !
L’après-midi est consacrée à la vendange du rivaner, un cépage qui produit du raisin en abondance. La récolte est rapidement transportée jusqu’au pressoir et la qualité du raisin est évaluée à l’aide d’un échantillon de jus. Résultat : un taux de sucre optimum de 77° Huxler (du nom de l’inventeur de cette méthode de contrôle qualité).
Plus longtemps le vin de méthode traditionnelle est conservé en cave, plus on obtiendra une fine bulle, une effervescence délicate et raffinée qui ravira les papilles les plus exigeantes. Pour les cuvées de prestige, la conservation en cave peut continuer pendant huit ans !
Par le passé, les bouteilles étaient tournées à la main, un travail de forçat heureusement obsolète depuis l’invention des gyropalettes qui permettent de tourner 500 bouteilles à la fois et un remuage toutes les huit heures pendant six jours. Il faut souligner que Bernard-Massard a servi de cobaye pour les Champenois qui ont, par la suite, utilisé la même technique afin de permettre aux levures de descendre dans le cou de la bouteille. À ce stade, les bouteilles sont capsulées afin d’éviter le goût éventuel de bouchon.
Histoireet savoir faire Muselet et collerette
Enfin, dernière étape, avant d’ajouter une liqueur de vin on décapsule, on détermine le brut du sec et du demi-sec et on bouchonne avec deux couches de liège pur et une couche de liège aggloméré. On applique le muselet, la collerette et on passe à l’étiquetage. Il ne reste plus qu’à… déguster et apprécier le produit de ce beau travail. Tchin ![/aesop_content]